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CEDRIC KLAPISCH, UN GRAND CRU !

  • magazinemagma
  • 4 mai 2017
  • 6 min de lecture

Dernière mise à jour : 11 sept. 2019


Cédric Klapisch prend des habitudes en Côte d'Or ainsi, nous avons pu le rencontrer lors de la présentation de son film Ce qui nous lie en avant première à Dijon. Ce long métrage évoque dans toute sa profondeur le vin de Bourgogne mais aussi le destin d'une famille qui chahute ses racines et ses désirs d'ailleurs en redécouvrant la puissance de l'amour fraternel. On y parle de transmission, de terroir, de doute et finalement de certitude ! Ce qui nous lie est un film qui marie pudeur et amour, qui conjugue tradition au futur, qui lie plaisir et santé et qui donne des « elles » à la vigne.

Entretien avec l'équipe du film, santé !

Qu'elle est la genèse de ce film Cédric Klapisch ?

CK : Depuis très longtemps, je voulais faire un film sur le vin, j'ai toujours aimé les paysages viticoles, ce sont des paysages très photogéniques par leur côté aligné, un côté jardin dans la campagne. Il y a cette raison et le fait que mon père ne boit que du Bourgogne ! Nous avons fait souvent des voyages dans la région pour ramener du vin. Mais avant de savoir si je voulais faire un film sur le sujet, je voulais vivre les vendanges car je n'en avais jamais vues. Je me suis donc retrouvé en 2010 chez Jean-Marc Roulot (NDLR : Jean Marc Roulot joue dans le film et il est aussi l’un des propriétaires des domaines dans lesquels se déroule l'action) pour faire des photos des vendanges. Je suis resté cinq jours et j'ai découvert ce qui se passait à ce moment fort et cela correspondait à ce que j'avais en tête : un côté auberge espagnole avec quelque chose de très joyeux. Tout cela m'a donné envie de faire un film à la fois sur la région et sur le vin.

Pourquoi le nom a-t-il évolué depuis l'origine du film, passant de Du vin et du vent à Ce qui nous lie ?

CK : C'est lié à la durée du tournage : douze semaines réparties sur un an ! On a tourné à peu près trois semaines par saison et c'est vrai que quand j'ai commencé le film, le scénario portait plus sur le personnage de Jean (Pio Marmai) et sur l'opposition entre son désir de voyage et ses racines. Puis, au fur et à mesure du tournage, les personnages de Jérémie (François Civil) et Juliette (Ana Girardot) ont pris une place de plus en plus importante et cette notion de fratrie est devenue plus centrale qu'initialement, à tel point que le film, à la fin, portait vraiment sur ce lien et du coup je me suis senti obligé de changer le titre. Dans Ce qui nous lie, il y a évidement le jeu de mot sur le vin mais surtout une interrogation sur la fraternité aujourd'hui ? C'est une notion abordée suite aux durs événements touchant une famille mais qui soulève une question importante : Qu'est ce qui peut rassembler ces trois personnages avec des personnalités si différentes.

Ana Girardot : Ce rapport, que je considère comme fraternel, entre Jean, François et moi s'est imposé dès le premier jour. On pouvait s'engueuler sans qu'il n'y ait par la suite aucune rancune. Je pense que quand on arrive à créer cette entente fraternelle, on a réussi son casting ! Cet aspect est tellement important qu'on a décidé pendant le tournage d'habiter ensemble dans une grande maison.

François Civil : Nous n'avions pas prévu à la base le fait que mon personnage génère des passages comiques. Cette proximité nous a permis de nous découvrir, d’avoir ce temps pour essayer des choses sur le plateau, à trouver le personnage de Jérémie au fur et à mesure du tournage.

Avez-vous été formé sur le vin, la vigne, la région pour le tournage de ce film ?

AG : Oui, bien sûr, nous avons rencontré beaucoup de personnes, visité des caves et Jean Marc nous a appris énormément de choses et le fait de tourner sur les quatre saisons nous a permis de voir toutes les étapes par lesquelles il faut passer pour une récolte.

CK : Moi, j'ai du rencontrer entre 20 et 40 vignerons, c'est vraiment en parlant avec chacun qu'on appréhende au mieux le sujet. Par exemple, sur le bio, on a vraiment beaucoup de divergence. C'était important pour moi de faire un vrai travail de journaliste pour être plus que crédible et surtout au fait des problèmes d'aujourd'hui (le bio, le prix de la terre…). Pour les acteurs, c'est de la documentation également, c'est leur travail. Sur la scène de la paulée, par exemple, il faut travailler pour avoir l'air d'être bourré… (rires). Dans tous les films, pour chaque rôle, il faut se documenter et cela sous-entend un travail d'investissement.

AG : On a la chance de pénétrer des univers, de comprendre leur fonctionnement, de s'impliquer dedans… Je ne connais pas d'autres métiers qui abordent ça !

Pio Marmaï : Y a peut être Fillon, c'est quoi son boulot déjà ?

Ana, c'est compliqué pour une femme de s'imposer dans ce milieu ?

AG : Aujourd'hui, c'est beaucoup plus banalisé et c'est normal d'avoir des vigneronnes. Ce qui est plus difficile, c'est d'arriver à ce que leur travail soit estimé au même titre que celui d'un homme. Quand j'ai parlé de mon rôle, j'ai eu droit à quelques réflexions même si le milieu a quand même évolué. On m'a dit : « Alors Juliette, elle s'occupe de la compta ? ». Ben non, Juliette elle fait son vin ! D'autres vigneronnes à qui j'ai parlé m'ont dit qu'elles n'avaient pas eu vraiment de problème à entrer dans le milieu par contre beaucoup à imposer leur goût, leur vin et à trouver une reconnaissance. Dans le film justement, Juliette s'impose par son goût, elle est très douée dans ce qu'elle fait et c'est ainsi qu'elle va réussir à prendre sa place.

CK : Pour moi, c'était important d'apporter une vision moderne et de dire voilà, le rapport homme/ femme a changé et ce n'est pas un frein à la tradition. Respecter les traditions ne veut pas dire ne pas évoluer !

Pas trop dur de déguster du vin à longueur de tournage ?

AG : Non, parce qu'on a bu que du très, très bon vin et dans ce genre de film on ne peut pas tricher et remplacer par du jus de raisin. Quand tu as un gros plan sur le verre, ce n’est pas possible !

PM : Je me souviens de la rencontre avec le maire de Pommard. Le gars arrive avec des bouteilles dont les millésimes sont écrits à la craie, 1976... difficile de dire non...

CK : A la cantine, c'était pareil. Tout le monde arrivait avec des bouteilles ! On leur disait « Non mais on travaille cet après midi !!! », c'était de la folie... Quand Jean Marc propose le Perrière 95 à Jeremie dans le film et qu'il répond : « Non, non je vais y aller là ! » et qu'il finit par s'enfiler un petit verre, ça c'est le genre de truc qui est tellement arrivé sur le tournage qu'à la projection pour l'équipe il y a eu un éclat de rire général sur ce passage.

La projection à Beaune c'était le crash test?

CK : Oui et j'étais vraiment heureux qu'on me dise qu’il n'y avait pas de fausses notes et qu'on était bon sur la véracité du film.

Cédric Klapisch, vous vous êtes promené un peu partout dans le monde, des Poupées Russes à l'Auberge Espagnole en passant par la Bourgogne, finalement il est où votre chez vous ?

CK : Moi, je suis vraiment très parisien mais j'aime bien voyager et je pense qu'aujourd'hui, comme Jean dans le film, on n’a pas qu'une identité. On peut donc être parisien, Français, Européen ou Bourguignon Européen.

Et Camélia Jordana, comment elle arrive dans cette histoire ?

CK : Je voulais qu'il y ait une chanson à la fin… Et j'adore sa voix et me disais qu’elle correspondait à l'humeur du film avec ce quelque chose de tellurique !

Propos recueillis lors de la conférence de presse « Ce qui nous lie »

Jérôme Gaillard

Le film Ce qui nous lie sortira 14 juin.

En marge du film Cédric Klapisch exposera à partir du 14 mai au château du Clos de Vougeot les photos tirées des repérages sur le film : « Nature humaine ».

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