L’été de tous les festivals
- magazinemagma
- 7 sept. 2016
- 8 min de lecture
Dernière mise à jour : 12 sept. 2019
Déjà l'automne, l'été est derrière nous mais que nenni on y retourne pour une virée à travers différentes formes de festivals...
Cette année, j’ai pris le parti d’effectuer une petite tournée de festivals très différents les uns des autres : le Hellfest (musiques extrêmes à Clisson du 17 au 19 juin), le Festival en Othe «Jours Mabouls » (Aix en Othe dans l’Aube, du 8 au 10 juillet) et enfin le Son continu (Château d’Ars dans l’Indre, du 14 au 17 juillet). Autant dire que j’en ai pris plein la tête !
Hellfest, une expérience unique !

Aller au Hellfest c’est prendre une claque assurée. On m’en a parlé, dit beaucoup de choses à son sujet, mais le plus gros festival de musiques extrêmes en Europe est une véritable tuerie ! Je vous ferai grâce des chiffres (un seul tout de même : 180 000 personnes sur 3 jours, un record !), je préfère vous parler d'ambiance et de musique, car c’est pour cela qu’on vient au Hellfest. Comme dans beaucoup de festivals, le mot d’ordre est vient comme tu es et ça se voit. Les looks se mélangent : métalleux, black métalleux, punk, hardcoreux, fans de tout et de rien, chacun vient avec son envie de s’éclater d’où aussi les déguisements de plus en plus nombreux… Le Hellfest c’est aussi beaucoup de folklore avec son camping où il ne faut pas venir pour dormir (à moins de trouver le bon coin ou choisir la formule hébergement chez l’habitant, hôtel et compagnie). Ce serait moins fun aussi s’il n’y avait pas de queue pour la douche, pour recharger sa carte de paiement « cashless ».
Sécurité oblige, l’attente pour entrer sur le site était semble-t-il plus longue que d’habitude. Mais globalement, la circulation et les accès sont plutôt fluides pour un festoch avec autant de monde.
Niveau déco, le Hellfest se démène pour proposer quelque chose de très sympa, j’avais déjà vu le fameux village qui se trouve au milieu du site, mais j’ai découvert, comme tous les festivaliers de cette année, des petites nouveautés bien sympathiques. Le « mausolée en hommage à Lemmy Killmister, non loin de l’espace Warzone, relooké et agrandit façon « fort militaire version métal rouillé ». Le métal est omniprésent sur le site avec les espaces buvettes, restauration, merchandising. Vous ajoutez à cela la grande roue et les effets pyrotechniques, lumineux et vous obtenez une ambiance presque féérique. Le spectacle est total la nuit tombée quand le staff s’affaire pour allumer l’ensemble. Mention spéciale également pour le « Temple of Muscadet » et sa porte ambiance médiévale. Certains diront que l’on se croirait à Disneyland, moi je trouve que cela participe à la magie de ce festival.
Et la musique me direz-vous ! Eh bien le Hellfest c’est presque 200 groupes répartis sur 6 scènes avec chacune son style . Les grosses scènes étant davantage réservées aux groupes de grande envergure. Difficile de tout voir, vous l’imaginez bien, pour ma part j’ai pas mal squatté la scène Warzone, plutôt orienté punk, hardcore ; mais cela ne m’a pas empêché de fureter sur les autres scènes et notamment les Mainstages.
Dans le domaine des claques, je vais citer Nashville Pussy et leur rock garage sudiste, Converge et son hardcore chaotique, Magma et son rock d’une autre planète, Walls of Jericho et son hardcore old school survitaminé avec une chanteuse au charisme fou et enfin Refused et son punk protéiforme au leader complétement survolté !
Dans la catégorie « vieux de la vieille », on peut citer Ludwig von 88, Toy dolls, UK Subs, Discharge, Sick of it all, Bad religion, Unsane, Melvins. Mais comme on dit, c’est dans les vieux pots que l’on fait les meilleures soupes.
Dans la catégorie gros show, je retiendrais Rammstein et sa grosses artillerie, Ghost et son côté costumé et pop-métal, Slayer pour son gros mur de son et peut être Turbonegro pour la touche gayfriendly ! Mention spéciale pour les Twisted Sister, que je ne connaissais pas (honte à moi), qui ont assuré un sacré show pour leurs 40 ans de carrière et leur dernière tournée.
Autant dire que cette première fois a comme un petit goût de reviens-y !
les photos ici : http://www.magma-magazine.fr/galeries-event
Tranquille Festival en Othe !
Pour ce qui est du Festival en Othe, c'est un autre terrain de jeu on passe à une jauge à 1500 personnes le samedi soir cette année. Ce festival à taille humaine qui se veut bon enfant, très familial conserve une ambiance de fête du village (n’y voyez rien de péjoratif) aux accents hippie ! Le festival se dessine dans un magnifique parc public à Aix en Othe avec une grosse et une petite scène ni plus ni moins ! Un village associatif autour de l’environnement, la récup, une buvette, un stand frites saucisses, un stand restauration plus élaboré, des crêpes, des glaces italiennes. Le tableau est dressé.
La prog fait la part belle aux découvertes mais aussi aux têtes d’affiches. Malgré un budget modeste, les organisateurs ont réussi à faire venir du beau monde : Boulevard des Airs (le groupe chanson française rock qui marche fort en ce moment), La Rue Kétanou, Les Ramoneurs de Menhirs, Salut c’est cool et La Yegros. Je voudrais m’arrêter sur ces derniers. Salut c’est cool, autant le dire c’est de l’électro cradingue avec des paroles répétitives et primaires. C’était la 2e fois que je les voyais. Après la première fois, je faisais un rejet de ce groupe de branleurs sans talent. Et puis cette fois-ci je me suis dis « laisses-toi emporter par la foule qui chante et sympathise avec ce groupe ! ». Un petit coup dans le nez et embarqué par des amis je me suis laisser prendre au jeu en bougeant sur cette musique électro gloubi gloubesque ! La suite est plus travaillée musicalement : La Yegros. Avec ce groupe argentin qui a un succès d’estime en France avec le titre « Viene de mi ». Un conseil : allez plus loin que ce tube et découvrez leur univers musical. Très vite la prestance de la chanteuse argentine irradie la scène et emporte le public avec une électro tropicale et latine où se mêle des musiques traditionnelles telles que la cumbia et le chamamé. Cela fait du bien d’avoir un groupe qui amène le soleil sur scène (les costumes colorés y sont pour beaucoup) !
Côté découverte, j’avoue ne pas avoir été emballé par bons nombres de groupe. Ma préférence va aux locaux de Cadavreski avec leur musique à mi-chemin entre le hip hop et le slam. Les 4 mc’s bataillent verbalement sur une sélection musicale du sieur Zeta. Ça saute, ça cause, ça mixe, la sauce a bien pris sur la petite scène. Ma claque vient d’un duo qui a eu le malheur de se produire juste avant la Rue Kétanou, c’est bien dommage car à deux ils en font du boucan, une guitare et une batterie et hop roule ma poule ! Avec leur rock noise, Klink Clock offre une énergie du tonnerre qui électrise le parc du Jard. Le guitariste se contorsionne pour faire crier son instrument en écho aux coups donnés par la batteuse sur ses fûts. La complicité entre les deux musiciens est là et donne une unité forte à leur musique. Un vent de fraîcheur.
Je vais finir sur le coup de chaud qui a clôturé la journée du samedi, Organic Bananas ! Pour les programmateurs, je pense que c’est un peu un coup de poker que d’inviter un groupe peu connu pour clôturer la soirée du samedi. Et bien les gars du centre de la France s’en sont bien sortis. Ce fut court (dommage) mais intense. Organic Bananas est un duo pour le moins étonnant ! Grégory Jolivet joue de la vieille à roue. Cet instrument étrange, entre guitare et violon, plutôt utilisé en bal folk, émet un son de cordes tantôt frottées tantôt tapées qui déconcerte à la première écoute. Ce qui est encore plutôt déroutant c’est la musique qui est produite avec son acolyte Olivier Thillou aux machines ou plutôt à la console. Car avec ses machines Olivier n’apporte pas de nouveaux sons, tout provient de la vielle à roue, tous les effets proviennent soit des pédales utilisées par Grégory ou la console d’Olivier. L’alchimie entre cet instrument venue du Moyen Âge et la technologie du 21e siècle fonctionne admirablement pour proposer une musique de transe aux allures trad. Le public ne s’y est pas trompé en faisant trembler le sol du parc du Jard.
En guise de conclusion, il faut aussi saluer les autres événements organisés en amont ou en aval de ces Jours Mabouls : le cabaret itinérant, série de concerts aussi bien dans l’Aube que dans l’Yonne, et la journée jeune public Festi’coccinelle.
les photos ici : http://www.magma-magazine.fr/galeries-event
Entrez dans la danse mais pas que !
Changement de style avec le festival de musiques et danses trad « Le Son Continu » (rassemblement des instruments et musiques populaires), basé à Lourouer Saint Laurent, sur le site du château d’Ars. Durant le week-end du 14 juillet, des milliers de personnes se sont pressées dans un cadre verdoyant et reposant pour écouter et danser sur de la musique trad. Le site est au cœur du Berry, non loin de Nohant où l’on trouve la maison de Georges Sand. Au sein du festival la nature est omniprésente, les champs et pâturages entourent le site, on voit les vaches au loin, un lieu reposant et propice à l’évacuation du stress. Le Son Continu c’est aussi un superbe château médiéval, remanié à la Renaissance, autour duquel s’organise des scènes et parquets.
Ce qui est surprenant dans ce festival, c’est que les amateurs côtoient les pros. Des petites scènes ici ou là permettent à chacun de venir jouer seul ou avec un groupe et faire danser. Car autre particularité, on peut écouter la musique mais on peut surtout danser grâce aux parquets. On peut aussi essayer et acheter des instruments en tout genre : violon, cornemuse, vielle, flûte, accordéons diatoniques, nickelharpa… On peut y voir aussi des luthiers ou inventeurs qui font évoluer ces instruments. Bref ce salon est une aubaine pour rencontrer plus d’une centaine des luthiers venus de toute l’Europe.
Moi qui suis plutôt du milieu rock, je rapprocherai ce festival d’un festoch comme le Printemps de Bourges qui permet de voir des gros groupes tout comme des formations en devenir. Ce qui est appréciable également c’est de voir des groupes en configuration concert. Chaque soir, c’est aussi 2 groupes qui jouent à l’abri des pins. Du week-end, je retiendrai la soirée du samedi qui apportait sa dose de nouveauté avec « Le projet Schinear » et « Ciac Machine ». Le premier avec son nom énigmatique a de quoi interpeller. La présentation du groupe est tout aussi alléchante : « Le Projet Schinéar est une parenthèse musicale ou se mélangent Balkans, Moyen Orient et Asie, musique trad et esprit punk ». Autant dire que sur scène, le résultat est bluffant notamment avec la voix particulière offerte par le guitariste mais également la présence de Li'ang Zhao, un joueur de violon chinois. Un trio à voir absolument. Concernant Ciac Machine, on va parler de super groupe comme on le fait dans le milieu pop rock. Ce groupe n’est autre que la réunion de 2 groupes phares de la scène trad française : La Machine (plutôt Centre France) et Ciac Boum (plutôt musique du Poitou). Réunir deux groupes est une chose, faire en sorte que cela sonne bien en est une autre. Ce sont deux univers qui se mélangent et surtout deux façons de chanter qui s’alternent entre Julien Barbances et Christian Pacher. Musicalement, ce sont des musiciens hors pair qui savent se faire plaisir sur scène tout en permettant aux danseurs de prendre leur pied. Un festival où il fait bon flâner dans une ambiance détendue et bon enfant !
les photos ici : http://www.magma-magazine.fr/galeries-event
Après cette mise en bouche, on vous donne rendez-vous avec une autre saison d'autres festivals mais toujours avec cette féroce envie de défricher, pour vous, des rendez-vous atypiques !
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