D'JAZZ NEVERS FESTIVAL, 30 ans de jazz pour tous !
- magazinemagma
- 21 nov. 2016
- 3 min de lecture
Dernière mise à jour : 12 sept. 2019
Le 13 novembre 2015, j'étais assis dans l'un des confortables fauteuils de la salle Philippe Genty à la MCNA à Nevers devant deux grands noms du jazz : Enrico Rava et sa formation (Enrico Rava Quartet) et Stefano Di Battista et je dois bien dire que j'aurais difficilement céder ma place tant le plaisir était grand. Le Rava Quartet était plein de fougue et Enrico possédé et débordant d'humour. Di Battista, la guest star de la soirée, nous embarquait quant à lui, dans des sphères dont lui seul connaît le chemin et où je le suis volontiers à chacune de nos rencontres. C'est à peu près dans cet atmosphère que mon voisin de droite, qui venait de recevoir un SMS, me glissa à l'oreille : « Putain ! Ça a pété à Paris »… Vous connaissez évidemment la triste suite …

Si le choc est encore dans toutes les têtes on a, malgré tout, repris nos habitudes et une année plus tard on se retrouve au même endroit, presque jour pour jour, devant… John Scofield qui devait clôturer le festival l'année passée. Il est accompagné cette année de Larry Goldings, Steve Swallow et de Bill Stewart. Ça joue, ça joue même très bien ! A tel point point qu'on regrette de ne pas avoir vu ces types 20 ou 30 ans plus tôt avec un Pat Métheny ou plutôt encore avec Miles Davis ! Eh oui, John est encore un jeune homme à bientôt 65 ans et le Hendrix du jazz nous donne du plaisir avec sa formation mais imaginez ce band avec 20 ans de moins, ils auraient mis le feu à la Maison de la Culture ce soir, mais patience... Steve Swallow, le doyen du groupe, approche les 80 balais mais possède pourtant et toujours une finesse de jeu incroyable. On notera aussi la belle performance de l'organiste Larry Goldings, le « jeunot » du groupe avec seulement 48 ans, qui lui aussi nous a ramené quelques années en arrière grâce à son orgue Hammond. Chavirés entre le blues et le jazz du Country for Old Men, ce n'est que vers 23h00 qu'on a décidé de nous ramener en 2016 en nous offrant un bain de confettis accompagné de ses amuses bouche avant de se faire happer par le Magnétic Ensemble dans le Hall de la MCNA (transformé pour l'occasion par Dko Event - Il y tenait!). Une formation déjantée et bricoleuse qui remplace les machines par l'Homme (eh oui, c'est aussi possible dans ce sens là!) accompagné de ses instruments bidouillés. Aux manettes, des aventuriers du jazz et de la musique improvisée tels que Antonin Leymarie et un certain Benjamin Flament bien connu des Neversois.
On retrouve également Fabrizio Rat au piano, Adrian Spirli au synthé et la voix envoûtante de Linda Olah qui apporte, à cet atelier d'artisans du son, la touche féminine et classieuse. La transe s'installe irrévocablement et la soirée s'élance sur le dance floor. Le feu est là et la MCNA s'embrasera jusqu'à tard dans la nuit pour un bel anniversaire.
Le grand écart entre les deux formations de la soirée démontre que le jazz a encore des belles heures devant lui mais nous renseigne aussi sur le secret de la longévité d'un tel festival qui soufflait cette année ses trente bougies. Roger Fontanel, son directeur, a su habilement mêler, tout au long de ces "trente glorieuses", des valeurs sûres et de nouveaux souffles dans une proposition qui fait mouche chaque année depuis 1987. Bravo Roger !
Jérôme Gaillard
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