LA CAVE A MUSIQUE, UN DINOSAURE BIEN VIVANT !
- magazinemagma
- 10 janv. 2017
- 5 min de lecture
Dernière mise à jour : 12 sept. 2019
En février prochain, la salle de musiques actuelles « La Cave à musique » fête ses 25 ans avec quatre soirs de spectacle, résumant à merveille les activités développées depuis ses débuts : concerts de musiques actuelles, spectacles jeune public, importance du mouvement associatif et travail en réseau.
Echange avec Franck Boyat, co-directeur de la salle, sur ce qu’était, est et sera la Cave à musique.

Franck, peux-tu nous parler des origines de l'association Luciol qui a donné vie à cette salle en plein centre ville ?
Cette association, née en 1991, est intimement liée à une commande de la municipalité mâconnaise de l’époque qui souhaitait initier un lieu pour les jeunes. Ce sont des passionnés de musique, propriétaires notamment d’un café concert à Bragny (Chauve sous rock), qui décidèrent de répondre à cet appel à projet. Pour mener à bien cet objectif, une ancienne cave à vin d’un grand négociant du 20e siècle, propriété de la ville, a été rénovée et mise à disposition. L’aventure pouvait alors commencer. L’ouverture de la Cave à Musique a eu lieu le 29 février 1992 et même si très vite l’Etat a soutenu l’association Luciol pour développer le lieu, notamment en lui attribuant le label « Café musiques » puis, « Scène de musiques actuelles » en 1998 (SMAC) ; les débuts ont nécessité toute l’énergie de bénévoles motivés. On les a appelés les « militants bâtisseurs ». Avec uniquement leur expérience de café concert, ces derniers sont partis de rien et il a fallu créer, inventer une façon de faire vivre ce lieu. Les débuts ont été chaotiques avec autant de concerts blindés que de gros plantages. Mais cela pourrait être le cas aussi aujourd’hui !
Ce qui est surprenant, c’est ce lieu au cœur de la ville alors que beaucoup de nouvelles salles sont en périphérie ou proches de zones non habitées. Quelle explication peut-on donner à cette particularité ?
En premier lieu, la cave possède un traitement acoustique qui limite les nuisances sonores vers l’extérieur. Après, comme tout lieu de vie, cela génère du son pour le voisinage mais depuis le départ, nous allons à sa rencontre pour expliquer ce que nous faisons, prévenir des concerts... Nous sommes dans le dialogue et nous n’ignorons pas la problématique. En tout cas, nous n’avons pas vraiment de problèmes avec les voisins. Ce lieu en centre ville avait été choisi pour ne pas stigmatiser un quartier. Quoiqu’il en soit, la Cave à Musique est avant tout un lieu de vie et de rencontres qui ne se limite pas à des concerts mais crée un lien social.
Vous considérez-vous encore comme alternatif après 25 ans d'existence ?
On a toujours une part alternative même si ( il faut le reconnaitre !) nous sommes devenus une institution avec le label SMAC ! Il y a ce paradoxe d’être entré dans le rang après avoir été dans le bois à une époque. Effectivement, la structure s’est professionnalisée (avec des emplois à la clé) tout en participant à la structuration du secteur (via la Fédurock puis aujourd’hui la Fédélima). Toutefois, nous avons gardé un statut associatif avec une implication forte des adhérents dans le fonctionnement. L’aspect alternatif est aussi présent via notre proposition artistique qui évolue en marge des médias mainstream et grosses productions. C’est aussi ça la réalité des musiques actuelles en France !
La Cave ce n'est pas seulement une salle de concert, vous vous adressez aussi au public jeune…
Cela est venu naturellement en lien avec la commande de départ de la ville. On a commencé avec des spectacles, concerts jeune public voilà 10 ans et on a réellement construit une saison jeune public il y a 5 ans. Une partie de notre public ainsi que les salariés, bénévoles de la Cave à musique, ont vieilli avec le lieu. Ils ont des enfants, cela paraissait normal que le projet de la salle évolue dans ce sens. Nous voulons nous distinguer de ce que peuvent proposer Disney , les spectacles de comités d’entreprises… en offrant une alternative plus qualitative. La cave à musique remplit ainsi pleinement son rôle social et éducatif.
En 25 ans, nous avons aussi fait évoluer notre offre culturelle. En 1992, nous avons commencé avec les concerts, en 1996 nous proposions des locaux de répétitions, en 2002 un centre de ressources, puis en 2005, nous ouvrions un atelier de MAO et un lieu de résidence. Nos publics sont de plus en plus divers : scolaires, personnes en situation de handicap, jeunes issus des quartiers, écoles de musiques, groupes locaux…
Quelle est l'économie du lieu à l’heure où on ne cesse de parler de baisse des finances?
Je ne cache pas que c’est un combat de tous les jours. Il faut tous les ans convaincre les partenaires (anciens et nouveaux). Le projet associatif est régulièrement réécrit selon les valeurs d’échange, de solidarité, de coopération qui nous portent. Il faut alors le présenter et montrer que nous avons notre place dans la société et que nous apportons quelque chose à la vie locale. Nous ne sommes ni dépendants, ni indépendants de nos partenaires, nous sommes interdépendants. Il faut avouer que si la mairie arrêtait de nous aider cela serait vraiment compliqué. On a aussi notre propre économie avec la billetterie, les recettes du bar, les adhésions.
La notion de réseau est importante pour exister dans le monde des musiques actuelles.Peut-on dire que la concurrence des autres salles est saine ?
La notion de réseau est inscrite depuis longtemps dans notre projet, d’autant que nous participons à la structuration du secteur. Nous sommes forcément en lien avec des personnes et structures qui partagent nos valeurs. Il y a Rezo pour le côté communication, ensuite il y a la Fedelima (fédération des lieux de musiques actuelles) qui permet d’échanger sur les sujets qui nous préoccupent. Et en étant à plusieurs, on est plus fort pour peser sur les institutions. Nous ne sommes pas en concurrence mais plutôt dans une complémentarité et on mutualise quand cela est possible. Cela crée une émulation. Il n’y a jamais eu autant de lieux dans la région sans pour autant que chacun se porte mal, les fréquentations sont plutôt bonnes.
Quels sont vos projets au-delà de ce 25ème anniversaire ?
Pour développer notre projet artistique, nous allons miser sur un développement physique de la cave à Musique. Nous avons récupéré un espace inédit qui sera dévoilé lors des 25 ans, au mois de février. Nous allons pouvoir développer de nouveaux projets qui nous tenaient à cœur !
Propos recueillis par Brice Vanel
La Cave à Musique en quelques chiffres
A fin octobre 2016
329 403 spectateurs accueillis
1829 soirées concerts
3128 projets artistiques
En 2015 : 15 000 spectateurs sur 170 jours d’utilisation de la salle.
La Cave à Musique c’est 9 permanents plus des intermittents selon les besoins.
25 ans ça se fête !
LES 25 ANS DE LA CAVE À MUSIQUE !
J. 23-02 à 20H30 THE GYPSY SWING QUARTET + ALA.NI au Crescent ! [jazz vocal] || 15€/11€
V. 24-02 à 21H LUCIOL IN WONDERLAND ‘carte blanche aux bénévoles’ [megateuf] || 8€/GRATUIT
S. 25-02 à 21H MC JO HELL + LE PEUPLE DE L’HERBE [électro hip hop] || 18€/10€
D. 26-02 à 17H GAMBETTES SYMPHONIES par la Cie Les Zinzins [jeune public] || 5€ tarif unique
Plus d'info sur : www.cavazik.org
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