UN AIR, DEUX FAMILLES ! LES RETROUVAILLES 20 ANS APRES...
- magazinemagma
- 3 juil. 2017
- 4 min de lecture
Dernière mise à jour : 12 sept. 2019
Au mois de septembre prochain, le groupe Les Hurlements d’Léo fêtera ses 20 ans. Il reviendra en 2018 avec un 10e album, Luna de Papel, et une tournée de 20 concerts. En préambule de cet anniversaire, le groupe retrouve le temps d’un album live et d’une tournée des festivals de l’été, les Ogres de Barback, avec qui ils ont « Un Air Deux Familles ». Une histoire d’amour fraternel entre les deux groupes qui a commencé à la fin des années 90 et qui avait déjà donné naissance à des albums et une tournée européenne sous un chapiteau appelé Latcho Drom (en hommage au film éponyme), qui signifie « bonne route » en langue tzigane. Une épopée aux allures roots qui a marqué les deux groupes mais aussi les esprits de ceux qui ont suivi l’aventure. Des vieux frères qui se sont éloignés, rattrapés, rapprochés, mais jamais perdus de vue pour mieux se retrouver sur scène. Alors que l’on pensait cette réunion éphémère, les Hurlements et les Ogres se réunissent à nouveau et relancent Un Air Deux Familles. Rencontre avec Laurent Bousquet, chanteur des Hurlements d’Léo.
"Ce sont des retrouvailles joyeuses et mélancoliques. Se souvenir et se sentir bien, c’est une façon de se battre et de lutter, de ne pas se laisser aller"

Qu’est-ce qui a changé entre les premiers pas des Hurlements d’Léo et aujourd’hui ?
Ce qui a changé ? Pas grand-chose. On ne fait toujours pas ça pour l’argent et pour la gloire, mais simplement parce que ça nous rend vivants. Notre groupe, c’est le fruit d’une envie de partager la musique sans pour autant avoir l’envie d’en faire son métier. Ça ne s’explique pas, ça se fait naturellement. Avant j’étais animateur socioculturel, je m’occupais des autres et avec la musique, je fais pareil. Au début, nous appartenions au mouvement qu’on appelait le renouveau de la chanson française. Mais au fil du temps et des expériences, on a voulu chanter autre chose, quelque chose de mieux, de plus réfléchi et de plus engagé. C’est peut-être cela qui a changé : notre façon de voir les choses. Nos collaborations, nos voyages, notamment un mois passé en Afrique, nous ont ouverts sur les choses et les gens. Notre style évolue sans arrêt, on est en perpétuel chamboulement.
Comment avez-vous rencontré et retrouvé Les Ogres de Barback ?
Notre première rencontre, c’était en 1998 aux découvertes du Printemps de Bourges. Les Ogres avaient déjà le projet de chapiteau en tête. On s’est tout de suite bien entendu et on a monté le projet ensemble. Grâce au label indépendant des Ogres de Barback, Irfan, et aux recettes issues de la vente de l’album Un Air Deux Familles, on a pu acheter deux chapiteaux qu’on a appelés : Latcho Drom. Finalement, c’était le premier crowdfunding auquel les gens participaient sans même le savoir. On a financé la tournée sans aucune subvention, juste avec les 50 000 albums vendus. On est partis à 40 sur les routes, faire le tour de l’Europe sous ces chapiteaux. Il y a peu de temps, Frédo, le chanteur des Ogres, nous a accompagnés sur notre album de reprises de Mano Solo. Ça a été l’occasion de reparler de tout ça et on a eu envie de se relancer. L’engouement des gens nous a dépassés. Au début, on avait prévu 5 dates seulement. À l’issu de ces concerts, on s’est rendu compte qu’on jouait mieux qu’il y a 15 ans et on a décidé de faire un album live et de continuer avec une tournée en France. Avec les Ogres, on bouillonnait d’énergie.
Quelles sont les nouveautés au niveau de l’album et de la tournée d’Un Air Deux Familles version 2017 ?
La tournée se déroule en France uniquement et on n’utilise plus le chapiteau. Il existe toujours mais il tourne avec d’autres groupes. Avec nos familles, les déplacements et le temps passé à monter, démonter… on avait envie d’un peu plus de confort. Maintenant, on tourne en fourgon, à la roots. Sur l’album live « Latcho Drom », il y a des nouveaux titres et des nouvelles collaborations notamment avec Debout Sur le Zinc et La Rue Kétanou. Cet album raconte la famille, la vie, les expériences. Ça parle d’actualité avec « Une idée passe », de deuil aussi avec « Quand tu seras là-bas », d’antimilitarisme avec « La Malle en mai ». Ce sont des retrouvailles joyeuses et mélancoliques. Se souvenir et se sentir bien, c’est une façon de se battre et de lutter, de ne pas se laisser aller. Les chansons ne changent rien mais ça bouleverse les gens. L’art et la culture sont les armes contre tout ça. Il ne faut pas baisser la garde. La culture s’appauvrit. On dit que les gens sont pauvres d’esprit mais c’est parce qu’on leur sert des conneries. La culture est accessible mais il faut avoir envie d’aller la chercher. Un Air Deux Familles ne passera pas sur les grandes radios nationales par exemple, car c’est subversif dans son essence même. On est écoutés sur les radios locales mais pas dans les grands groupes qui gangrènent la musique. Ils font la promotion de groupes aux textes qui ne veulent rien dire, de chanteurs soi-disant de rue qui le crie sur tous les toits et jouent de cette image-là.
Sur le premier album et la réédition d’Un Air Deux Familles, il y a la reprise des Béruriers Noirs « Salut à toi » qui avait eu énormément de succès. Comment l’expliquez-vous ?
Effectivement, la reprise a eu du succès. On ne l’a pas remise sur l’album live car elle était déjà sur la réédition. Je pense que son succès vient du fait qu’elle est universelle. À l’époque, « Salut à Toi », c’était l’hymne punk par excellence. À ce moment-là, elle accompagnait beaucoup de manifestations. Nous, nous avions fait une version plus acoustique. Ça permettait de rappeler que nous sommes résolument antifascistes.
Quels sont les projets d’avenir pour Un Air Deux Familles et Les Hurlements d’Léo ?
La tournée s’arrête le 16 septembre prochain pour la fête de l’Huma. On ne sait pas ce qui va suivre après tout ça. Pour le moment, on veut tout déchirer, se donner à fond. Du côté des Hurlements d’Léo, notre prochain album, Luna de Papel, sortira en mars 2018 et on fera une tournée dans la foulée.
Propos recueillis par Cynthia Benziane
pour en savoir plus : http://lesogres.com/disco_cd/air/index.php
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