top of page

PIERRE PERRET, 60 ANS DE CARRIERE EN HERITAGE

  • magazinemagma
  • 6 nov. 2017
  • 6 min de lecture

Dernière mise à jour : 12 sept. 2019


Rien qu'à l'évocation de son nom, on esquisse un sourire et on retrouve l’innocence des Colonies de vacances. Pourtant, lorsqu'on s'attarde sur le répertoire de ce monument de la chanson française on découvre des titres parfois coquins mais souvent engagés et quelquefois en avance sur leur temps. Les Ogres de Barback, pour les 60 ans de carrière du chansonnier, ont réuni une brochette d’artistes d'horizons divers pour plancher sur un très bel album-hommage, la Tribu de Pierre Perret, où l’on redécouvre, et souvent découvre, des titres qui illustrent cette diversité de son répertoire.

Rencontre avec le doyen d’une grande tribu !

Vous avez donné le sourire à plusieurs générations avec des titres tels que le Zizi, les Colonies de vacances… Aujourd'hui, on découvre une belle sélection de quelques-uns de vos titres avec une belle tribu, pouvez-vous nous raconter la genèse de « La Tribu de Pierre Perret » ?

Oui, vous parlez de l'attentat qu'ils ont fait contre mes chansons (rires). C'est un beau geste d'amour. Ils se sont constitués en tribu autour de mes chansons tout à fait librement sans que je sois partie prenante. Ce sont les Ogres de Barback qui ont commencé à fomenter toute cette histoire, ils ont fait leur sélection sur les 500 chansons que j'ai commises depuis 60 ans et je trouve que leur choix est effectivement très judicieux, cela leur correspond très bien ! Chacun a choisi librement le titre qu'il souhaitait interpréter.

Vous aviez déjà fait quelque chose avec les Ogres ou les autres artistes de la Tribu ?

Avec les Ogres oui, très amicalement pour fêter les anniversaires du groupe, il m'est arrivé d'aller chanter Lily avec eux, ou Le Café du canal, Donnez-nous des jardins ou le Bonheur c'est toujours pour demain mais avec les autres, non. Par contre, je les connais quasiment tous, ils sont pour la plupart des copains : François Morel, Mouss & Hakim, ce sont des copains. Christian Olivier, Benoît Morel des Têtes Raides, tout ça ce sont des copains… De les retrouver comme ça, alors qu'on s'était un peu perdu de vue et de voir cet « hommage » qu'ils me font là, aujourd'hui, ben ça me touche infiniment… En plus, chacun y a mis du cœur et comme ils ont beaucoup de talent ça transpire sur les chansons.

Enfant, je vous écoutais et grâce à vous (ou à cause) je rêvais d'aller en colonie de vacances mais je n'y suis jamais allé sans doute parce que mon père, lui, avait écouté les paroles. Comment fait-on pour créer un monument comme celui-là, une chanson qui parle aussi bien aux enfants qu'aux parents tout en livrant une critique aussi précise et malicieuse de la situation ?

C'est vrai que ça a fédéré trois ou quatre générations et pourquoi ? Ben j'en sais rien ! C'est l'alchimie qui fait qu'une chanson est réussie ou ratée, celle-là apparemment elle ne l'était pas et aujourd'hui dans mon tour de chant si je fais les toute la salle démarre jolies. Après, ils chantent, ils connaissent tout et c'est un peu pareil pour beaucoup d'autres titres comme Tonton Cristobal, La Cage aux oiseaux, Le Zizi… Enfin, il y en a plein, d'ailleurs ils chantent toute la soirée à ma place, c'est un récital de fainéants que je fais-là (rires) !

Cette chanson, c'était la fin de l'innocence ?

Oui ! On peut dire ça comme ça. C'est vrai que c'était un tournant, d'ailleurs peu de temps après, j'ai commencé à écrire des chansons un peu alarmantes sur le thème de la pollution et ça n'a inquiété personne ! J'ai écrit une chanson qui s'appelait C'est Bon pour la santé (C'est bon pour la santé tous ces produits traités, ndlr) et on m'a dit dans les radios : « Mais de quoi tu parles, les gens s'en foutent de ça, si les produits sont traités, c'est pour qu'ils se conservent… Ça n'intéresse personne ce que tu racontes ! ». Effectivement je n'ai pas vendu un disque de cette chanson-là !

Outre ces titres notoires, on redécouvre des morceaux de votre répertoire bien moins connus sur cet album tels que Estelle, L'Oiseau dans l’allée avec la magnifique intro de Danyèl Waro ou encore Celui d'Alice délicieusement interprété par Alexis HK… Et du coup on vous découvre, vous aussi, Pierre Perret !

Oui, les gens finalement ne connaissent pas mes chansons, ça se réduit toujours au Zizi et aux Colonies, La Cage aux oiseaux, Tonton Cristobal… Des chansons comme la quinzaine qu'il y a là, chantées par tous ces copains de la Tribu, il y en a 500 comme ça ! Il y a des chansons sur l'avortement, sur l'excision, la famine, la violence conjugale… Mais elles ne sont jamais ou presque jamais passées à la radio. On ne les redécouvre pas, on les découvre !

Lorsqu’on réécoute Lily, La Petite Kurde on comprend cette proximité avec les Ogres qui apparaît comme une évidence, les Ogres c'est un peu votre descendance, non ?

Oui bien sûr, eux connaissent mes chansons, ils ont choisi parmi toutes celles qu'ils aimaient et effectivement nous avons beaucoup de combats en commun, on est en symbiose totale et on défend ensemble les mêmes valeurs. Et oui, c'est un peu mes petits héritiers, une belle famille avec de beaux enfants. Les petites « ogresses », Alice et Mathilde, sont des amours et des musiciennes merveilleuses et, elles font ça avec beaucoup de cœur. J'ai assisté quasiment à aucun des enregistrements car les Ogres m'ont prévenu tard de ce qu'ils menaient en cachette et, un jour, ils me disent : « Tiens, viens, il y a Idir qui va chanter La Petite Kurde et il est tellement ému ». Alors j'y suis allé, il était tellement ému qu'il arrivait à peine à chanter, et il me disait : « Oh ce texte, c'est tellement beau ». Il était ému comme un enfant, c'était très touchant.

L'Oiseau dans l’allée est aussi une très belle réussite sur cet album, Danyèl Waro y apporte une réelle plus-value et on sent le potentiel de ce titre pour un nouvel avenir, qu'en pensez-vous ?

Bien sûr, elle fait partie des titres qui n'ont presque pas été diffusés et personne ne les connaît ces chansons. Rosemary (Rosemary Standley de, entre autres, Moriarty, ndlr) n'en revenait pas lorsqu'elle a enregistré le morceau, je crois qu'elle l'a beaucoup apprécié. Tant mieux si cela permet au public de les découvrir ou de les redécouvrir et qu'il sache qu'il y en a encore plein d'autres inconnus et, sans renier les chansons qu'on évoquait tout à l'heure (Le Zizi, Les Colonies, etc.) qui ont participé à ma gloire et au fait que tout le monde me dise « bonjour » dans la rue. C'est merveilleux, j'espère que le public pourra entendre les autres.

Le clou de cet album c'est quand même Le Zizi électrifié de Didier Wampas et de François Morel, comment l'avez-vous trouvé ?

Alors ça, ça m'amuse considérablement ! C'est complètement déjanté et ça correspond d'ailleurs très bien à la chanson qui est totalement surréaliste, et eux font cela de manière totalement surréaliste. Là, Wampas, il s'est amusé et il a bien fait ! Tout comme les Massilia sur Tonton Cristobal, ça fonctionne très bien aussi !

Finalement, qu'elle est la plus belle réussite pour vous sur cet album ?

Très difficile à dire, tout le monde a apporté de son univers. La petite Flavia Coelho fait son interprétation de Mon P'tit Loup, c'est marrant, et on ne retrouve même plus la mélodie mais ça a quand même son charme… Je suis de Castelsarrasin avec Olivia Ruiz, Mouss & Hakim en compagnie de Lo Barrut c'est aussi une vraie réussite et les orchestrations des Ogres, là, sont sublimes et en plus il y a l'accent de Castelsarrasin que moi j'ai perdu depuis mes 13 ans (rires). Tout l'album me touche beaucoup.

Vous allez donner un concert Salle Pleyel à Paris le 10 décembre prochain pour vos 60 ans de carrière, la Tribu sera de la partie ?

Oui, oui ! Tout le monde veut venir en plus, parmi tous les lascars il n'y en a pas un qui a dit non ! Alors on va faire la fête toute la soirée, ça c'est sûr ! On va chanter tout ce qu'il y a sur cet album bien sûr et puis peut être que j'en chanterais une quinzaine ou une vingtaine en plus en fonction de ce que le public aura envie d'entendre… J'essaierai d'être à la hauteur voilà…

Propos recueillis par Jérôme Gaillard

On retrouve aussi sur la Tribu de Pierre Perret : Lionel Suarez, Magyd Cherfi, Tryo, Féfé, Eyo'Nlé Brass Band, Loïc Lantoine, Jidé Hoareau et René Lacaille…

Comments


© Edit'Presse / Magazine Magma 

bottom of page