SHAKA PONK, IT'S A LONG WAY TO THE TOP !
- magazinemagma
- 5 janv. 2018
- 5 min de lecture
Dernière mise à jour : 12 sept. 2019
Des groupes de rock qui remplissent les Zénith en France, il n'y en a pas des stères. Avec un show vidéo et scénique impressionnant, Shaka Ponk s'est imposé parmi les formations qui comptent. Ils viennent de sortir leur 6e album The Evol'. Pour l'occasion, nous avons rencontré Frah, co-fondateur et chanteur du groupe qui ne tient pas en place sur scène.

Frah, la dernière interview de Shaka Ponk dans Magma remonte à 2009 (cf. Magma n°52), on commençait seulement à entendre parler de vous. A l'époque, vous défendiez l'album Loco Con Da Frenchy Talkin... Huit ans plus tard, ce n'est pas si loin, mais j'imagine qu’au vu du chemin parcouru depuis, ça doit te paraître une éternité…
Effectivement, il s'est passé quelques trucs depuis… Samaha a rejoint le groupe sur scène. Jusqu'ici, elle avait peur de je-ne-sais-quoi (rires). Puis avec l'album The Geeks and the Jerkin' Socks, nous sommes passés de tournées en club à des tournées dans les Zénith et tout ça. Donc oui, il s'est passé des choses depuis.
Dans cette interview, tu détailles le processus de création que vous aviez adopté à l'époque : des paroles écrites par des potes, des rencontres, et même des inconnus, parfois sur un coin de table. Vous avez gardé ce mode opératoire ?
On ne fait plus ça depuis longtemps, en fait. Ça marchait super bien à Berlin où se côtoient des individus du monde entier. Il y avait cette synergie de gens qui sortent, qui se rencontrent, qui discutent, qui font plein de trucs. On a profité de ça. En France, tu ne peux pas le faire. Si tu demandes à quelqu'un, il s'en va. Alors, une fois revenus ici, on a abandonné le concept et on s'est mis à écrire nous-mêmes.
Avec votre projet qui se développe, la taille des salles augmente. Toi qui es au contact permanent du public, comment est-ce que tu as vécu cela ?
Nous avons un concept qui peut être un problème : un spectacle très visuel avec beaucoup d'images. On veut créer des décors et des personnages sur scène qui nous accompagnent, offrir la version visuelle de la chanson et cela implique une scénographie assez imposante mais nous ne voulons pas que le spectacle visuel dépasse l'échelle humaine. Nous ne sommes pas très friands des concerts où tu es obligé de regarder le groupe sur un écran. On a souvent frôlé ce problème dans les Zénith mais on s'est rendu compte que ça marchait, mais que c'était la taille limite en termes de salle.
Ça pourrait vous amener à refuser une proposition parce que la salle est trop grande ?
Souvent nous avons refusé des premières parties dans des stades car on savait qu'on ne pourrait pas amener tout ce qu'on voulait. Si nous ne voulons pas avoir l'air de singes minuscules qui s'agitent au loin, nous n’avons pas le choix. Pour cet album, on savait qu'on allait partir sur une tournée des Zénith et Aréna, nous avons donc construit tout le show autour de ce type de salle. Après cela, on aimerait bien faire une tournée des clubs.
Parlons de the Evol' : évidemment, le titre fait référence à l'évolution. Mais aussi à « the Evil » et même à « Love » quand on l'inverse. Qu'est-ce que ça signifie cette multitude d'entrées ?
Nous nous sommes demandé, après six albums : « Est-ce qu'on ferait pas un disque vraiment orienté Darwin, qui parle de l'évolution en elle-même ? ». C'est toujours le même concept, ce truc récurrent chez nous de parler de cet étrange moment dans l'évolution où il y a eu cet accident qu'on appelle « l'Homme » et qui est parti dans une direction assez étrange et destructrice, pour lui-même et pour tout le monde autour. Restait la question du titre. On était partis sur « Evolution », on a abrégé, et là on a vu « the Evol' », on a entendu « the Evil » et quand on l'a retourné, on a sauté au plafond ! On voit la solution au problème : le respect des autres êtres vivants et de son environnement, l'Amour donc !
Au niveau des chansons, il y a votre single Wrong Side. Vous prenez position au sujet des fanatismes de tous bords...
Ça fait partie des caractéristiques redondantes de notre espèce, cette propension à tourner en rond. On ne retient pas la leçon des catastrophes que nous provoquons. En France, on a été assez privilégiés car assez coupés du malheur que vivent certains pays. Et quand ça nous a pété à la gueule, nous nous sommes rendu compte que cela pouvait exister aussi chez nous. Ce qu'on a essayé aussi de dire dans la chanson, c'est que les générations qui n'ont pas connu certains événements du passé ne se rendent parfois pas compte que la réponse à ça n'est pas la haine.
Peux-tu nous parler aussi de ce morceau plus folk : Summer Camp ? Je crois qu'il est lié à une histoire tragique…
C'était une jeune fille qui s'appelait Sabrina. Samaha était pas mal en contact avec elle. D'abord, ça s'est fait par hasard. On s'est aperçu qu'elle avait un cancer. Mais ce qui était fou chez cette petite, c'était qu'elle était hyper optimiste, hyper partante pour tout. On a suivi tout ça. Et ça nous a rappelé à quel point il faut relativiser nos problèmes et profiter de la vie. Un jour, elle a été emportée par la maladie, on a été assez bouleversés et on a écrit cette chanson. Bon je suis un peu ému, mais voilà l'explication.
Enfin, terminons avec une chronique de Guy Carlier, mise en ligne le 30 octobre dernier sur la chaîne YouTube d'Europe 1. Il parle de votre performance à Taratata, et notamment de votre reprise de Smells Like Teen Spirit. Il parle de « faire sauter les cadenas qui nous entourent », de « l'humanité qui se lève et se lance vers le monde de demain ». Tu es fier d'inspirer un tel sentiment à quelqu'un ?
C'était déjà surprenant de la part de Guy Carlier ! Quand on s'est dit qu'on allait faire ce morceau, on a souhaité apporter quelque chose de rock. Nous voulions faire quelque chose de très métissé en mélangeant les couleurs de peau, les âges… En essayant de le chanter d'une façon douce. Nous avons été très surpris par la manière dont ça a été pris par les gens. Nous ne nous attendions pas du tout à ça. Aujourd'hui, on est super sollicités par nos fans qui veulent une version studio de Smells Like Teen Spirit… Et je pense qu'on va le faire !
La suite pour Shaka ?
On repart en tournée dans un mois en commençant par Lille. Nous serons sur le Grand-Est fin mars : Eckbolsheim, le 29, Epernay, le 30 et Dijon, le 31 mars puis on continuera à se balader un peu partout en France avec notre nouveau spectacle. On est super contents du décor, une espèce de temple en ruines avec des prolongations sur des écrans. On espère que ça va vous plaire…
Propos recueillis par Martin Caye
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