LES NEGRESSES VERTES IS NOT DEAD
- magazinemagma
- 30 avr. 2018
- 6 min de lecture
Dernière mise à jour : 11 sept. 2019
En 1988, déboule une bande de titis parisiens sur la vague toute chaude du rock alternatif avec Mlah, un album incroyable qui allait faire du bruit pendant longtemps et leur ouvrira les portes de l'international ! 30 ans plus tard, en effet, le bourdonement deZobi la mouche est de retour et ça tombe plutôt bien car voilà l'été qui approche ! Helno n'est plus mais les Négresses n'ont pas fini d'en découdre avec la scène et nous, on y regouterait bien un peu. Rencontre avec Stéfane Mellino avé l'assent quoi !

Les Négresses Vertes, c'est toute une époque, c'est la période flamboyante du rock alternatif français... D'où vous venait cette énergie ?
Quand on a commencé les Négresses, il y a 30 ans, on venait tous d'autres formations,on baignait dans le milieu du rock alternatif parisien. On avait entre 20 et 25 ans et on se connaissait depuis
le début des années 80... Helno (décédé en 1993), lui venait des Bérurier Noir, Paulo des Maîtres, moi des Ouvriers. Un moment les gars sont partis au Zingaro (NDLR : Cabaret équestre de Bartapas) et puis, en 87 on m'appelle et on me dit : « A y est Stef, on y va avec les Négresses ! » On voulait jouer partout, c'est pour cela qu'on a fait des chansons avec guitares sèches et accordéon… On pouvait jouer dans le métro, dans la rue, les files d'attentes… On déployait le tapis et on se mettait à chanter Zobi lamouche ! À cette époque, on faisait des groupes, c'est de là que venait l'énergie ! Aujourd'hui, c'est souvent un chanteur qui s’entoure de musiciens… Nous on était un vrai groupe et même si tout le monde n'écrivait pas les chansons, quand t'étais dedans tu défendais le truc de la même manière que le « frontman». Je pense que c'est cela qui crée la dynamique d'un groupe.
Au vu des premières dates, peut-on dire que le public des Négresses Vertes est toujours présent?
Sur les douze ou treize concerts qu'on a fait en guise de tour de chauffe, les gens nous disent que des groupes comme nous, avec une telle énergie et ce répertoire, ils n'en n'ont pas vu beaucoup ! Notre place, elle était restée pas chaude mais tiède parce qu'il s'est quand même passé 17 ans là… Notre public, c'est des gens de notre âge mais du tien aussi et il y a des gamins qui nous ont découvert grâce à leurs parents. Nos chansons ont traversé les générations, une chanson comme Voilà l'été, dès que le soleil se pointe, les radios la jouent ! Tu vas sous les ferias t'entends Sous le soleil de Bodega. En club, les rares fois où j'y suis allé, j'ai entendu le remix de Zobi la mouche...Ces titres sont devenus, en quelque sorte, des classiques.
Musicalement, les Négresses c'était riche. D'où venait toutes ces influences ?
Ça venait essentiellement du métissage qu'on proposait. On était un groupe de Paris mais on venait d'un peu partout en fait. Sur les textes réalistes d'Helno comme Voilà l'été, on posait de la musique qui chaloupe, très ensoleillée alors que les paroles, c'est un mec qui se fait chier à Paris et qui vomit sur tout le monde. C'est ce paradoxe là qu'on a cultivé à l'époque. On mélangeait l'accordéon et son image d’Épinal très parisienne, à la rumba gitane, le rock façon New Orleans à de la guitare Flamenco… C'est ce creuset là qui a fait notre originalité.
Cette mixité de style ne posait de problème à personne. Quel est votre regard sur la société Française aujourd'hui, sur son ouverture d'esprit, sa tolérance, sa curiosité ?
Déjà, aujourd'hui t'arrives et tu t'appelles les Négresses Vertes t'as la LICRA qui te tombe sur le dos et qui te massacre ! Les temps ont changé, quand on se pose la question du « peut-on rire de tout », c'est plutôt « on ne peut plus rire du tout » ! Beaucoup de gens parlent de respect et de tolérance mais ils sont intolérants par essence. Toutes ces histoires sur les religions par exemple moi ça me pète les couilles. On vit à l'époque de la modernité, c'est formidable ! Tu peux lire les tweets d'un mec à l'autre bout du monde, te faire un Skype avec des gens en Australie… En fait, c'est un peu comme si on vivait au Moyen Âge mais avec internet.
Pourquoi avoir attendu si longtemps pour revenir sur scène ?
Quand on s'est arrêté début 2002, on avait 40 barreaux, fait quinze ans de Négresses… On s'est dit qu'on allait s'octroyer deux, trois ans de pause et puis on avait envie de faire un peu autre chose. Là-dessus, notre manager Jacques Renault est mort en 2004 et le groupe s'est peu à peu délité. Là, je me suis dit que c'était vraiment fini et le seul qui était capable de siffler la fin de la récré n'était plus là. Moi je suis descendu du double bus et je suis monté dans ma bagnole et j'ai fait des concerts quoi ! Iza (Isabelle Mellino) et moi on a fondé Mellino, fait 4 albums et près de 600 dates… Je suis musicien, j'ai rejoué dans les bars, je suis reparti à la source. Mathieu a créé Tarace Boulba, Mi-Miche continue à faire des musiques de film…Et au bout de toutes ces années, il y a deux ans le patron de la boîte de prod nous a dit : « Les gars si vous avez des envies de reformer les Négresses, je suis prêt à le financer ! » Nous, vu que c'est les 30 ans de notre premier album, on l'a pris au mot et plutôt que de faire un album hommage avec Vianney qui viendrait chanter les Négresses (éclat de rire), on s'est dit que les Négresses chanteraient les Négresses !
Fin des années 80, on écoutait Voilà l'été à fond dans la R18 (spéciale dédicace à Lolo), sous le soleil des routes de campagne, les fenêtres grandes ouvertes en se jetant des spliffs et des psylo plein la gueule, c'était un peu la bande son de mon adolescence. Comment déguste t-on les Négresses aujourd'hui ?
Ben de la même manière je crois et principalement parce qu'on interprète notre premier album qui ne peut être chanté qu'en déployant cette énergie là. Tu peux pas chanter Voilà l'été au coin du feu ! Là, on est au taquet ! C'est un bain de jouvence pour nous et plutôt que de débriefer les concerts dans les loges, avec les gars on retourne dans la salle signer des affiches. On voit le public, on échange et les retours sont énormes ! C'est un peu comme avec ton histoire de la R18, y en a qui sont partis en 2CV en Grèce avec notre musique dans le poste. D'autres ont fait un bébé sur les Négresses. On a vraiment partagé la vie des gens sans s'en rendre compte, nous on voyait pas ça, on vivait sur scène. Aujourd'hui, on a ce retour et c'est vraiment agréable. Les Négresses, ça a largement dépassé nos petites personnes. On a commencé cette tournée par des clubs en Belgique avec 500 ou 600 places, on était au taquet. Maintenant, on va attaquer les salles de 1200, 1300 places et elles sont pleines ! Tu vois, la bande son de ton époque est toujours vivace et on va bientôt débouler dans les festivals ! Si on a des choses tranquilles avant nous, gentilles, peinardes, nous on arrive et c'est baboum quoi ! Quand tu chantes Zobi la mouche,c'est un cri de guerre, c'est un truc que tu joues avec l'énergie des Sex Pistols.
Mais tu nous confirmes qu'il n'y aura pas de titre avec Vianney au Luciol in the Sky à Mâcon ?
Non, ni avec Vianney, ni Christophe Maé. L’autre fois, la maison de disques nous a dit que TF1 voulait faire une émission avec nous… Mais TF1, mais tu les oublies quoi ! La tournée fonctionne, on a pas besoin d'aller faire des duos en bois…Chacun chez soi et les vaches seront bien gardées ! Opportuniste peut-être mais pas putassier !
Alors envisagez-vous une suite, de nouvelles compos, un nouvel album ?
Pour l'instant, on s'est dit les concerts.Tu vois là y a quasiment une date qui tombe chaque jour. On est les premiers surpris et en même temps on ne s'interdit rien. S'il y a un riff qui arrive sous mes doigts, t'imagines bien que je vais le jouer ! S'il y a trois conneries qui arrivent dans le fond du bus et que ça fait un refrain, ben on va le chanter ! On ne pense pas à faire un nouvel album,ce n'est pas ce qui a motivé notre retour mais s'il y a des choses qui arrivent on les fera !
Qu'est-ce qu'ils écoutent les Négresses aujourd'hui à part Christophe Maé et Vianney ?
Chez les Français, il y a Clara Luciani. J'aime bien son côté 80, son énergie rock et sa voix grave . Son album est auto-produit, ça c'est une belle démarche.J'aime bien aussi Blondino,Grand Blanc. Sinon chez les anglo-saxons c'est Queens of The Stone Age, j'adore ! Nine inch Nails et même Killing Joke que j'ai revu il y a six mois à Paris. Les mecs ils ont 60 balais mais ça envoie un pâté comme personne est capable d'envoyer aujourd'hui !
Les Négresses Vertes se produiront au festival LUCIOL IN THE SKY à Charnay-lès-Mâcon, le 15 juin prochain. + D'INFOS SUR CAVAZIK.ORG
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