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YVES JAMAIT, UN DESTIN EPANOUISSANT

  • magazinemagma
  • 31 août 2014
  • 6 min de lecture

Sur l’écriture d’un nouvel album pour fin 2015, Jamait n’en finit plus de collectionner les projets. Si certains artistes se noient dans les reprises ou les duos parce qu’en panne d’inspirations ou de courage, Yves lui, n’a jamais était aussi prolifique. Au-delà des hommages et des tributes classiques, ses aventures ressemblent plus à des défis artistiques qu’à une retraite. Un hommage au grand Brel avec 850 choristes, un au poète Allain Leprest, un spectacle tribute à Guidoni en collaboration avec Benoit Lambert (metteur en scène et directeur du TDB CDN) et un 6ème album studio en chantier… Rien à dire, le point de mire de Jamait reste ancré au cœur de la poésie et de la chanson française. Et s’il n’est pas un artiste engagé sa conscience citoyenne, elle, reste plus que Jamait vivante !

M : La dernière fois que je t’ai vu sur les planches, tu interprétais du Guidoni, un grand moment pour les spectateurs et pour moi. Tu reviens avec ce spectacle à la rentrée, combien de date sont-elles prévues ?

Jamait : Oui et je suis étonné de ce succès. Même si j’étais assez content du travail effectué en amont on ne sait jamais au final comment cela sera perçu par le spectateur et j’avoue que j’ai été agréablement surpris par cet accueil. Pour ceux qui l’ont manqué, on revient effectivement avec ce spectacle pour une quinzaine de dates dont trois à Dijon, du 18 au 20 septembre. Cette tournée s’achèvera le 14 janvier à Arcachon.

M : C’était une nouvelle expérience pour toi cette mise en scène d’un « cabaret spectacle » ?

YJ : Oui, c’était quelque chose de totalement nouveau pour moi, c’est vraiment la rencontre avec Benoit Lambert qui a motivé cela. On s’est rencontré deux ou trois fois, on s’est apprécié puis on s’est dit que ce serait marrant d’arriver à travailler ensemble d’autant qu’on savait que personne ne s’attendrait à cette collaboration. Moi venant de la variété et lui de la culture avec un grand C, c’était un peu improbable. C’est Guidoni, qui, au fil de nos discussions nous a rapprochés mais au départ il n’y avait pas de plan. On trouvait juste dommage qu’une œuvre telle que celle de Guidoni ne soit pas représentée comme une œuvre théâtrale.

M : Guidoni a-t-il assisté au spectacle ?

YJ : Jean l’a vu, oui, il était assez interloqué. En effet, on visite son passé et ce qu’il fait encore aujourd’hui car il continue de chanter certaines de ses chansons même s’il ne les joue plus de la même façon. Il n’a plus son maquillage maintenant mais des titres comme Djemila, Les Draps Blancs sont encore dans son répertoire. En ce moment, on est réuni dans un spectacle qui s’appelle Où vont les chevaux quand ils dorment ? autour d’Allain Leprest que l’on joue également avec Romain Didier. Nous sommes devenus assez proches ce qui me permet de dire que Tout va Bien a été un peu désarçonnant pour lui. On a pas mal discuté et il a été jusqu’à me dire que j’interprétais mieux que lui certaines chansons dont Je pourris camarade qu’il a écrite. C’est assez agréable à entendre, j’avoue. Je pense que cela à du être assez bouleversant pour lui de revivre tout cela.

M : La salle était pleine, beaucoup de personnes d’un certain âge, beaucoup de monde bouleversé mais aussi une certaine gêne…

YV : C’est sûr que les textes peuvent déranger, Pierre Philippe, l’auteur des trois quart des chansons creuse des choses qui sont parfois des réminiscences de rancœur, des thèmes qui sont loin d’être les plus nobles chez l’être humain.

MB : Dans un autre registre mais toujours dans la chanson française, tu vas chanter du Jacques Brel à Troyes, durant les Nuits de Champagne, comment appréhendes-tu ce répertoire ?

YJ : Oui, belle transition ! Je vais donc revoir Jean Guidoni Aux Nuits de Champagne pour l’hommage à Allain Leprest dont je te parlais tout à l’heure. Donc trois spectacles à Troyes, le mien autour de l’album Amor Fati, Où vont les Chevaux quand ils dorment autour de Leprest et le spectacle autour de Jacques Brel avec les 850 choristes que je vais partager avec Clarika et Pierre Lapointe. On a chacun deux ou trois chansons de Jacques Brel à interpréter et une chanson de notre propre répertoire. Pas d’appréhension particulière, je suis même plutôt enthousiaste et je dirais que j’ai 850 raisons d’être enthousiaste ! J’ai eu la chance au mois de mai d’aller faire un spectacle avec Romain Didier qui m’avait écrit un rôle sur mesure dans le cadre du festival Nancy Voix du Monde et j’ai chanté avec 250 choristes et Elisa Tovati qui tenait l’autre rôle. 250 ça secoue bien les trippes, alors 850… Et qui plus est sur un répertoire qui n’a plus besoin de faire ses preuves ! On aura chacun des chansons qui sont relativement connues (mais mystère !) et qui ont déjà fait chavirer un paquet de gens, bref, j’y vais vraiment en confiance ! J’ai envie de faire mon travail de mon mieux, ça c’est clair, mais interpréter l’œuvre de Allain Leprest et celle de Jacques Brel, c’est un vrai plaisir et une grande chance.

M : Penses-tu que ça se fera dans l’autre sens un jour ? Chantera-t-on du Yves Jamait avec la même ferveur sous de grands festivals ?

YJ : Je ne sais pas, je serai mort d’ici là. Je n’ai bien sûr pas l’impact d’un Brel ni le même écho médiatique et puis, aujourd’hui, c’est plus difficile de se faire une place. Jamait on le reconnait grâce à sa casquette pas à ses chansons.

MB : Un titre de ton premier album a longtemps raisonné comme un hymne aux oreilles du peuple ouvrier, un titre qui a certainement participé à ton succès Y’en a qui. Que penses-tu aujourd’hui de la tournure des événements pour les intermittents du spectacle d’une part et plus largement pour le travailleur français ?

YJ : Oui, c’est marrant, il y a une chanson dans mon premier album qui a fait de moi un chanteur engagé c’est pour cela que sur le second j’ai dit partout : « Je ne suis pas un chanteur engagé ! ». Je suis un artiste pas un politicien sinon j’aurais fait de la politique et pas de la chanson mais forcément en tant qu’artiste j’ai un regard sur la société, un regard social et si dans mes chansons je ne parle pas de social alors mes chansons deviennent creuses ! Mais pour revenir à Y’en à qui, je l’ai écrite quand je travaillais chez Urgo après avoir vu un employé se voir refuser une augmentation de 200 francs par son patron qui quelques heures plus tard sortait avec une Camaro de l’usine. J’ai trouvé cela plutôt indécent, voilà l’histoire.

En ce qui concerne l’actualité sociale, je suis le premier à la dénoncer mais le problème maintenant en dénonçant est qu’on se retrouve aux côtés du Front National et c’est quelque chose de très désagréable ! J’ai toujours peur de cette récup qu’il peut y avoir. Pour ce qui est des intermittents, je pense qu’ils sont vraiment le reflet de ce qui se passe dans cette société et je participe à certaines des manifestations. Il n’y a qu’à regarder dans tous les livres d’Histoire, quand on n’investit plus dans la culture ça peut être dramatique derrière. Je suis aussi le premier à être révolté de voir des gens se faire licencier par paquet. Quand Amora, à Dijon, licenciait 400 personnes j’ai invité les gens, la veille de la manif, à venir soutenir ces futurs chômeurs qui avaient tous une histoire commune avec nous. Ils étaient nos voisins, des amis ou des amis d’amis, des membres de la famille. On est tous concernés par ce genre d’histoire. Je suis engagé mais en tant que citoyen parce que beaucoup de choses m’énervent, me révoltent, hélas, je n’ai pas les solutions. Mais quand on donne 6, 6 milliards d’euros à la banque Dexia et qu’on n’arrive pas à donner aux chômeurs, là, je ne comprends pas. Que la question soit simpliste, je veux bien, mais qu’on nous donne quand même une réponse !

Je ne suis pas un chanteur engagé mais je le suis un peu plus quand même que Tal ou M Pokora ! L’essentiel pour moi, tu l’as compris, c’est que l’engagement n’efface pas mon travail, mes chansons, car je suis avant tout un artiste.

Jamait vous donne rendez-vous dès le 12 septembre pour la fête de l’Humanité, le 13 à Saulieu, du 18 au 20 à Dijon (Tout va bien), le 3 octobre au festival Tango Swing et Bretelles à Montceau-les-Mines, le 6 à Chatillon sur Seine et du 23 au 25 octobre aux Nuits de Champagne, à Troyes.

Pour tout savoir sur Yves Jamait : www.jamait.fr

 
 
 

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