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CRESCENT JAZZ CLUB, UN NOUVEAU SOUFFLE

  • magazinemagma
  • 25 oct. 2014
  • 5 min de lecture

A 19 ans, on a besoin d’espace et on a envie de découvrir le monde sans pour autant perdre ses racines. C’est donc en plein cœur de Mâcon, derrière l’église Saint Pierre, que l’aventure du Crescent se poursuivra. Une aventure vieille de 19 ans, 19 ans d’activisme musical, de passion et de patience, une aventure qui reprend son souffle et s’agrandit ! Une cave à nouveau… oui ! Mais derrière la huchette, une cave de 400 m2 avec 300 m2 réservés à l’accueil du public. Propice aux rencontres, le lieu se veut ouvert à tous et affiche une programmation oscillant des origines du jazz à aujourd’hui. Rencontre avec Antoine Bartau, directeur du Crescent.

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MB : Peux-tu nous faire un rapide historique du « premier » Crescent pour ceux qui ne connaissent ni Mâcon, ni cette salle ?

AB : les débuts du Crescent remontent à 1995 avec 3 musiciens : Eric Prost (Saxophoniste), Laurent Sarrien (batteur), François Gallix (Bassiste, contrebassiste) qui, n’ayant ni lieu pour travailler ni endroit pour répéter à Mâcon comme à Lyon, ont décidé de monter à la capitale tenter leur chance. En écumant les nuits des clubs parisiens, ils font beaucoup de rencontres dont une qui allait être décisive, celle de Simon Goubert (ndlr : un grand batteur de jazz français). Ils lui firent part de leur projet d’album et eurent une réponse pour le moins inattendue : « Ne faites pas d’album, faites un club ! ». Ce fut comme une révélation ! De retour à Mâcon, ils demandent aux parents de François Gallix de pouvoir exploiter leur cave. 9 mois de travaux plus tard, le Crescent naissait ! Une aventure complètement bénévole au départ et un énorme investissement temps, aussi bien de la part des musiciens que de leurs familles. C’est ici que naîtra le collectif Mu, un collectif qui gagnera quelques prix notamment Jazz à Vienne, la Défense… Avec les prix, ils achèteront du matériel pour le club. La Défense ? C’était le piano, je crois ! L’aventure de ce petit lieu aura duré de 1995 à novembre 2013.

MB : Le 31 octobre vous allez inaugurer le nouveau Crescent Jazz Club. Vous n’allez pas regretter vos 50m2 ?

AB : (rires) Non, en quittant le lieu, en décembre dernier, ce fut un soulagement pour beaucoup. Dominique Gallix, le papa de François, au bout de 18 ans de prêt de sa cave commençait à saturer un peu et c’est bien normal. La nuisance sonore était importante chez lui et quand on accordait le piano, lui, l’entendait parfaitement dans son salon, alors le reste…

Bien sûr, il y a eu beaucoup d’émotion quand on a quitté l’endroit mais des regrets, non !

MB : Comment fait-on pour monter un club de jazz, en Bourgogne, de 300 m2 ? Quelle est la recette ?

AB : Il faut déjà avoir la chance de tomber sur la bonne municipalité. Nous, nous avons été chanceux que Jean-Patrick Courtois aime la musique et le jazz en particulier, et puis, au-delà de cela, il veut offrir un vrai rayonnement à sa ville. Il a défendu le projet pour ce nouveau lieu bec et ongle. Je pense que lui aussi rêvait d’avoir un vrai club de jazz à Mâcon. En 10 ans, Mâcon a énormément changé, ne serait-ce qu’en termes d’activités culturelles ou de loisirs. Pour 35 000 habitants, on a la Cave à Musique, le Théâtre de Mâcon, le Spot, un multiplexe… Et maintenant un club de jazz de 300 m2 ! Et puis, sans fausse modestie, le Crescent et ses membres ont fait du bon travail depuis de nombreuses années. C’est pour nous, une sorte de récompense, de reconnaissance !

MB : Vous avez fait un appel au don pour meubler le lieu. Etes-vous satisfaits du résultat ? Cette générosité est-elle une preuve de plus de l’intérêt des Mâconnais pour la musique et la culture en général ?

La ville finance 50% des travaux du site sur plus d’un million d’euros, c’est déjà pas mal ! On n’allait pas en plus lui demander de l’habiller! Le matériel est également financé, ne restait plus à notre charge que le mobilier comme les sièges, les tables, l’équipement du bar (lave vaisselle, réfrigérateur…), les canapés pour les loges… On a donc fait un appel aux dons, notre objectif était de 10 000€. On doit être aujourd’hui à 8000€ (7 octobre) mais je pense qu’on devrait arriver à notre but d’ici l’ouverture le 31 octobre. Il y a plus d’une soixantaine de donateurs et parmi eux beaucoup de noms qui me sont parfaitement inconnus, ce qui prouve l’attachement des Mâconnais à la culture. Ce don est déductible des impôts et chaque donateur recevra une contrepartie.

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MB : Compte tenu de votre investissement et de la détermination des membres fondateurs du Crescent depuis 1995, je pense notamment à Eric Prost (Collectif Mu, Loops, l’Equilibre de Nash), j’imagine que ce nouveau club ne sera pas une fin en soi mais plutôt un nouveau départ. Quelles sont les pistes que vous allez explorer ?

AB : Grâce aux financements que nous avons eus, on a pu obtenir à peu près tout le matériel que l’on voulait. Pour nous, c’est un peu Noël ! Quand j’ai demandé aux musiciens leur souhait en matière d’instrument ils m’ont soumis leur idéal et… Ils l’ont eu ! Sous le sapin, il y a un super piano demi-queue Yamaha S6, une batterie Gretsch USA standard, Clavier Fender Rhodes et de très bons amplis… Un super parc micros, une console numérique, station enregistrement... Bref, on a obtenu 170 000€ d’équipement et grâce à cela nous travaillerons dans des conditions optimum ! Mais pour revenir à ta question, outre la diffusion (les concerts) qui sera bien sûr une partie importante, ce lieu et ce matériel nous permettront d’avoir un outil extraordinaire pour développer des résidences, des enregistrements live ou non. N’oublions pas non plus le local de répétitions qui lui aussi est tout équipé et qui a hérité de notre ancien piano. Au Crescent, il y aura aussi de l’accompagnement de pratiques amateurs, des ateliers pédagogiques, un partenariat avec le conservatoire proposant des compléments de formation dans les cursus de 3ème cycle. On partagera aussi ce lieu avec d’autres structures et acteurs culturels locaux. On co-organisera des soirées, on commence d’ailleurs à avoir des demandes de chorales, d’ensembles symphoniques et puis on a l’avantage de l’enregistrement, ce qui est un point vraiment important.

MB : Peut-on imaginer qu’un club de jazz soit autant fréquenté qu’une SMAC (Salle Musique Actuelle) comme la Cave à Musique, la Péniche ?

AB : Je l’espère bien! C’est bien sûr lié à la programmation, la nôtre sera multiple. On reste évidemment sur nos fondamentaux mais avec l’idée d’une musique hyper ouverte, une musique brassée et métissée durant plus d’un siècle. C’est cette idée qu’on faisait passer dans notre festival (le Crescent Jazz Festival) et que l’on va continuer à défendre dans cette nouvelle salle. On a fait Robert Glasper, par exemple, qui brasse à fond jazz et hip hop, Guillaume Perret & Electric Epic, un groupe limite punk… Les programmateurs ont tous des esthétiques différentes, cela promet une programmation très diverse. Le jazz est avant tout une musique populaire ! En fait, on a une jauge de 260 places debout et environ 130 places assises. L’important c’est d’avoir une fréquentation équilibrée entre les différentes soirées. Il y a un public à Mâcon, et puis, on a la chance aussi d’être bien placé de pouvoir amener des gens de l’Ain, du Rhône…

MB : Que nous réservez-vous pour cette inauguration ? Et après ?

Pour célébrer cet événement, nous avons concocté une semaine de festivités exceptionnelles avec 11 concerts sur 9 jours avec un programme qui donnera à entendre les différents accents du jazz (funk, world, rock, hip hop ou électro...). Métissage et brassage seront les maîtres mots de la programmation. (Programmation complète à la rubrique festival). Nous organiserons aussi, avant les concerts, des dégustations de vin…

Propos recueillis par Jérôme Gaillard

Plus d’info sur http://crescent.gandi.ws/

 
 
 

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