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WE:MANTRA - UN MONDE RETRO-FUTURISTE

  • magazinemagma
  • 25 oct. 2014
  • 4 min de lecture

L'univers de we:mantra est fascinant. Construit autour de riffs ancestraux, il mêle le folk mystique de l'ex-Prohibition Don Niño, et son jeu si personnel du sitar indien, avec les nappes sublimes et les rythmes minimalistes de Cubenx, figure montante de la scène électronique mexicaine. Le duo dévoile un répertoire inédit, subjugué par une mise en lumière, basée sur les cycles et la répétition propres aux mantras, signée du plasticien Antoine Schmitt. Avant leur concert à Chalon, le 29 novembre, les trois acteurs de we:mantra répondent à nos questions et nous préparent à leur étonnant voyage.

On suppose que ce sont les mantras qui vous ont réunis tous les trois... Comment cela s'est-il passé ? Quelle approche aviez-vous chacun des mantras ? Quel degré de mysticisme y mettez-vous ?

Don Niño : On avait comme point de départ l’envie d’inventer des mantras rétro-futuristes, c’est à dire d’utiliser les motifs sonores répétitifs et par association des visuels cycliques afin d’emmener le spectateur, de l’inviter à l’introspection et l’immersion, comme c'est le cas dans la formulation traditionnelle des mantras (ndlr : en sanskrit, ça signifie outil de l’esprit véhiculant une énergie). On n'avait absolument pas envie de rentrer dans un cadre traditionnel, classique, mais plutôt expérimental du mantra.

Antoine Schmitt : Les visuels sont inspirés de formes ancestrales liées à la cosmogonie et à la méditation. Des mandalas bouddhistes, des formes symétriques aztèques et nord-américaines ou encore des formes symboliques et pointillistes aborigènes. Les visuels se tracent, s'ancrent dans le temps et constituent un support de la pensée en mouvement. Leur formes abstraites, répétitives et symétriques renvoient à une forme de divinité au sens large, une énergie cosmique fondamentale.

Cubenx : De mon côté, il y a un flux qui vient avec l'expérimentation, la communion avec la musique et les arts visuels, les modèles, la géométrie. Moi, je tiens à ajouter mon grain et le son, mes rythmes et des changements aléatoires aux lignes mélodiques de Nico (Don Niño) et au monde visuel d'Antoine. Nous sommes entourés par des modèles dans la vie et je pense que comme une manifestation de sa propre nature, c'est très mystique.

Qui pose les bases des pièces ? Je dis pièces, car les images font évidemment partie intégrante de we:mantra...

DN : C’est un travail collectif qui évolue au gré des représentations, on joue peu et on souhaite revisiter ce que l’on joue pour chaque représentation, sur une base que nous avions crée pour le festival Scopitone 2013.

AS : Les pièces prennent forme pendant les répétitions. Pour chaque phase musicale, je place un principe de forme visuelle, que je travaille dans la dynamique, l'ampleur et le développement en fonction de la musique. Il y a une grande symbiose rythmique et énergétique entre les images et la musique qui se construit par osmose.

Cubenx : Chacun de nous a jeté les bases pour les idées du groupe. Mais j'ai été fasciné par le niveau musical de Nico. Il m'a inspiré dans le sens où il m'a fait me dépasser…. Il m'a en quelque sorte donné l'impulsion aller au-delà des accords majeurs mineurs, diminués, ou augmentés, bref, à élever mon propre niveau.

Vous naviguez dans un univers qui en appelle à la fois à des traditions ancestrales tout en utilisant des technologies très futuristes. Exprimez-vous la confrontation de deux mondes ou au contraire l'union entre ceux-ci ?

Cubenx : J'ai été fasciné par les résultats que l'on peut sortir de la combinaison des deux. Je ne parle pas précisément des synthés ou des sons numériques, mais sur la façon dont nous interagissons avec nos instruments et nos équipements.Je pense notamment au côté ergonomique de la création. La façon de « pianoter » un sitar ou de manipuler les touches X/Y contrôle/K sur un iPad et comment cela influence l'audiovisuel.

AS : Le langage visuel de pixels et de lignes blanches est très actuel, tout comme son substrat mathématique. Ce langage visuel contemporain revisite les formes ancestrales et fondamentales à travers le nombre d'or, les symétries, etc. Ces deux univers dialoguent particulièrement bien et se nourrissent mutuellement.

DN : Oui, au même titre que la dualité extérieur/intérieur est travaillée dans ce spectacle, on aborde musicalement une mise en dialogue entre passé et futur à travers le choix de l’instrumentation. Les claviers analogiques, le sitar et la musique électronique.

Y a-t-il une part d'improvisation lors de vos concerts ?

Cubenx : Oui, on a bien sûr nos principales lignes directrices dans de nombreux domaines musicaux, mais on improvise sur des idées et des chansons que nous avons composées auparavant.

DN : De la même manière que dans le jazz ou la musique rock « free », improvisée, ou encore dans la musique traditionnelle indienne, on peut à tout moment improviser, réagir à ce que joue l’autre, aussi bien musicalement que visuellement.

AS : Il y a en effet de grandes possibilités d'improvisation au niveau visuel, dans la durée, la forme et l'énergie. Je me suis construit une série d'instruments qui me permettent d'être présent ici et maintenant dans la création des images en temps réel. Je me cale sur la musique à l'oreille. La dialectique est forte.

Et pour toi, Don Niño, c'est une évolution logique dans ta vie de musicien ? Dans ta vie tout court ? Le sitar indien t'accompagne depuis toujours ?

DN : J’avais très envie de monter un projet comme cela, à la fois expérimental et immersif, avec une grand liberté et un dialogue sensible entre image et son. Mon approche du sitar, dont je joue depuis de nombreuses années, ne respecte pas toujours les codes très précis, voire austères de la musique traditionnelle indienne. Ce sont le son de l’instrument et l’invitation à la l’extase, l’expressivité qu’il propose qui m’intéressent. Il y a souvent un malentendu dans la compréhension, la connaissance de cet instrument qui a été découvert dans la vague hippie des années 60. Il s’agit d’un instrument très cérébral et sensible. Cela peut se produire uniquement, si on sait l’écouter, le comprendre.

Propos recueillis par Jean-Michel Marchand

We:Mantra + Chapelier Fou Deltas Band

à Chalon-sur-Saône / Auditorium du Conservatoire à rayonnement régional du grand Chalon le 29 novembre à 20h [10/8/6,50€] / www.lapeniche.org

Pour en savoir plus : www.wemantra.net

 
 
 

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