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DOM LA NENA, MA PROPRE RACINE

  • magazinemagma
  • 31 août 2015
  • 5 min de lecture

Après un premier album réussi, Soyo vient compléter un bel élan discographique comptant désormais, malgré le jeune âge de l’artiste, deux albums solo, un album en duo avec Rosemary Standley et deux EP. Dom la Nena n’est plus une gamine et depuis qu’elle a appris à transformer ses "handicapes" en atouts, le chemin s’ouvre devant elle. Son sobriquet, venant de sa petite taille, devient son nom de scène ; son déracinement en fait une artiste cosmopolite embrassant les cultures du monde, de l’Amérique latine à la bonne vieille Europe dans un répertoire polyglotte et coloré! On la découvre pour une date exceptionnelle au Tribu festival, à Dijon, le 15 octobre.

MM : Dominique, on vous a découvert (en tout cas pour ma part) la première fois aux côtés de Rosemary Standley (Moriarty) dans ce fabuleux duo Birds On a Wire. Qu’est ce qui vous a réuni toutes les deux sur ce projet ?

DLN : Rosemary voulait un spectacle violoncelle voix et avait débuté un projet où elle ne se sentait pas vraiment à l’aise. Puis, par l’intermédiaire de la productrice du spectacle que je connais bien, nous nous sommes rencontrées et le projet m’a tout se suite séduite. J’étais vraiment très curieuse à l’idée de construire à deux un song-book de chansons qui ont marqué nos vies en les réajustant seulement avec violoncelle et voix. On a commencé à répéter pour voir si l’on s’entendait bien. En fait, on est très complémentaires, même au niveau du répertoire donc tout s’est déroulé naturellement. On s’est découvert beaucoup de choses en commun, c’est vraiment une belle rencontre.

MM : Toi qui as eu la chance d’accompagner au violoncelle des gens comme Jane Birkin, Etienne Daho, Jeanne Moreau, La Grande Sophie, Piers Faccini, Camille… comment es-tu venue au chant ?

Comme tu le disais, j’ai accompagné pas mal de monde sur de grandes tournées, des gens vraiment extraordinaires mais au bout d’un moment j’ai eu envie de jouer ma propre musique, c’était quelque chose d’important pour moi artistiquement. Et quand je me suis mise à composer, je me suis retrouvée face à mes textes et involontairement, j’ai commencé à découvrir ma voix et puis à chanter.

MM : Quels sont les artistes français qui te parvenaient au Brésil et quels sont ceux que tu écoutes aujourd’hui, à part Moriarty (rires) ?

Ma mère a toujours écouté beaucoup de chansons françaises : Aznavour, Barbara, Brel Brassens… tous les « grands classiques ». J’ai grandi avec ça car ma mère était prof de français à une époque et fan de chansons francophones. Pour ma part, j’écoute encore Barbara que j’adore ainsi que Brel et dans les contemporains, eh oui, j’écoute Moriarty mais aussi The Do, Birkin….

MM : Et en musique Brésilienne?

J’écoute énormément de choses à commencer par les années 60-70 avec Dorival Caymmi, Cartola mais aussi Chiquo Buarque évidemment, Gilberto Gil… les grands classiques comme aussi beaucoup de choses de la nouvelle génération telles que Marcelo Camelo, par exemple, avec qui j’ai réalisé mon disque, Marcelo est une icône pour les gens de ma génération depuis son groupe Los Hermanos.

MM : Tu as sorti ton premier album Ela en février 2013, alors que tu n’avais que 23 ans. Tu évoques dans celui-ci le déracinement avec No Meu Pais. Comment l’as-tu vécu ce déracinement ?

J’ai fait Ela à un moment assez douloureux de ma vie, celui où j’ai réalisé que j’étais loin de chez moi. Je sortais également de la tournée avec Jane qui avait été très intense. J’étais loin de ma famille, de ma culture… et puis, je me posais aussi pas mal de questions sur mon identité et Ela, véritable exutoire, a eu un effet assez thérapeutique. Depuis ce disque, j’ai accepté ce déracinement et le vit très bien désormais. Finalement, pour moi, ce qui aurait pu être une douleur est devenu une chance, une richesse. La culture brésilienne, argentine et française sont très présentes dans ma personnalité mais je ne suis pas accrochée ou dépendante d’un espace physique, j’ai accepté d’être ma propre racine

MM : Après Ela, album teinté d’une douce nostalgie, vous enchainez avec Soyo, album toujours autant dans la douceur mais cette fois plus solaire. Que s’est-il passé entre ces deux albums ?

Le fait de sortir un premier album, de le montrer aux gens et de faire beaucoup de scènes m’a mise en confiance. Partager ma musique avec un public est devenu quelque chose de festif. Et puis, j’ai eu envie de faire un disque qui reflétait ce que je vis aujourd’hui. C’est un disque plus solaire, plus festif, plus dansant… J’avais besoin de travailler davantage autour du rythme qui par mes origines Brésiliennes, est assez latin !

MM : Outre le fait que vous chantiez en français, en anglais, en portugais ou encore en espagnol, ce disque, avec les titres Llegare, Volta, Lisboa, semble être un hymne au(x) voyage(s). Le voyage est-il devenu vertu ?

Ce disque a été écrit intégralement en tournée et en voyage. Pendant trois ans, avec mon mari, nous n’avions pas d’attaches physiques alors on passait deux ou trois mois à Mexico, à Lisbonne, à Sao Paulo… On était vraiment dans l’itinérance constante donc le disque ne pouvait tourner qu’autour de ça évidemment. C’était vital pour moi de voyager mais j’ai eu besoin, après ce disque, d’avoir une attache et de me poser. Mais c’est sûr, le voyage est quelque chose de très enrichissant !

MM : Vous avez des dates au Portugal. Comment êtes-vous perçue dans ce pays où l’on parle votre langue maternelle ?

Je joue beaucoup là-bas et en particulier avec une formation portugaise, un groupe de concertinas (ndlr : accordéon portugais) qui s’appelle Danças Ocultas. En ce qui concerne Ela (ndlr : Soyo ne sortira qu’en novembre là-bas), le disque a été très bien reçu peut- être parce qu’il ne correspondait pas à ce que les portugais ont l’habitude d’entendre venant du Brésil. Le Portugal est un pays que j’aime beaucoup, j’ai d’ailleurs enregistré Soyo là-bas.

MM : Et au Brésil ?

Je fais partie de la nouvelle génération au Brésil, pas dans ce qu’on a l’habitude d’entendre typiquement mais plutôt avec des influences qui viennent du monde entier, souvent très folk ou pop tout en gardant une racine brésilienne… Je me sens proche de la famille de Marcelo Camelo, Mallu Magalhães…

MM : Outre Soyo, avez-vous d’autres projets pour les mois à venir ?

Je tourne à nouveau au mois de novembre avec Rosemary pour Birds on a Wire, je continue de jouer avec Danças Ocultas, je prépare des petits projets à droite et à gauche mais l’actu c’est vraiment Soyo. J’ai déjà fait une cinquantaine de dates depuis le début de l’année avec les Etats-Unis, le Québec, le Brésil, l’Argentine et là, on se concentre sur l’Europe et… sur le Tribu festival, à Dijon, au mois d’octobre !!!

Propos recueillis par Jérôme Gaillard

Dom La Nena + La Yegros (dans le cadre du Tribu Festival www.zutique.com )

Jeudi 15 octobre à 20h30 au Cabaret Ephémère – Port du Canal à Dijon [16€ à 5,50€]

 
 
 

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