ILTIKA
- magazinemagma
- 8 mars 2015
- 6 min de lecture
L'aboutissement !

©Jérôme Gaillard
Iltika…c’est avant tout une histoire de rencontres (et c’est aussi son sens littéral !). C’est de cela que cette formation se nourrit et c’est cela qui offre à ce groupe le trait de génie qui dessine les pourtours de son nouveau projet. A la formation initiale se greffent maintenant un quatuor à cordes et Tho Tho, « le chef d’orchestre » façonne le son en un accompagnement subtil des textes de Sidi N’aïm. Si Iltika était un beau projet, la maturité en a fait un aboutissement d’exception…
Rencontre (encore une), à chaud, avec Sidi à l’issue de la finale des Inouïs du Printemps de Bourges, au Silex, à Auxerre.
Ce soir, vous avez été très bons mais on peut se demander pourquoi, jusqu’à aujourd’hui, le succès de Iltika n’a pas dépassé les frontières de la région ?
Sidi : Je ne pense pas qu’il y ait de secret ou de recette miracle pour avoir du succès. C’était le premier album, le premier projet et il y avait beaucoup de nouveautés pour nous. La proposition était tellement originale qu’on ne savait pas comment les publics allaient réagir. C’est vrai que la portée n’a été que principalement régionale. Pourquoi ça n’a pas été plus loin ? On ne le sait pas vraiment…
On a cru à un moment à la fin du groupe, que l’inspiration n’était plus là…Pourtant, il y a eu de belles et grandes scènes comme Les Giboulées ou Les Eurockéennes. Etait-ce dû à un essoufflement, à un mauvais accompagnement ?
Je n’irai pas jusque-là. Voir comment les choses peuvent grandir, exploser ou être diffusées fait partie de l’aventure d’un groupe. Là, ça n’a pas été diffusé comme on l’aurait aimé même si on croyait vraiment au spectacle. C’est vrai qu’au fil du temps, on voulait jouer d’autres chansons et je n’étais pas au rendez-vous au niveau de la plume. Je suis assez tatillon dans ce que j’écris et j’ai mis « un petit peu » de temps. J’ai demandé aux copains de se retrouver dans un ou deux ans, ils m’ont dit « ok » et trois ans après je les ai rappelés en leur proposant de continuer l’aventure. Ils ont tous répondu présents et même plus et c’est ainsi que Iltika s’est remis en marche. Il y a eu une vraie reprise en avril 2013, au théâtre des Feuillants, à Dijon. On fait vraiment la musique à notre rythme, sans concession. Il a fallu du temps mais on est contents du résultat.
Le boulot abattu depuis Les Feuillants est énorme. Qu’est-ce qui s’est passé entre le théâtre des Feuillants où il manquait un petit bout de l’album Hybride et l’élaboration finale ?
Aux Feuillants, c’était le premier concert de ce nouveau spectacle et depuis le début de l’aventure du groupe, on écrit avec les réactions des publics. J’aime écouter ce qui se dit sur notre travail et j’essaie de comprendre si ce qu’on a voulu dire est lisible ou pas. Aux Feuillants, j’ai eu beaucoup de retours et j’ai travaillé là-dessus pour réviser le tir. Les copains aussi ont fait beaucoup de travail sur la composition pour mettre en avant la lisibilité des textes. Chaque composition est une histoire et il fallait que la musique en raconte une par elle-même. C’est vraiment le résultat de cette alchimie à cette première date qui, grâce aux concerts qui ont suivi et aux retours du public, a permis des remises en question.
A l’aventure Iltika s’est greffé le quatuor Hyperion. Qui a eu l’idée de l’intégrer ?
C’est Pof, le violoniste du groupe, qui a dit : « Ok, on relance l’affaire mais je ne veux pas être tout seul, je prends avec moi tout Hyperion !». Il tournait avec ce groupe depuis quelques années. Quand il m’a dit ça j’ai tout de suite trouvé l’idée logique : j’adore leur travail et leur musique qui racontait déjà des histoires ! Ce n’était pas pour délirer et dire : « tiens, on va rajouter un orchestre, un quatuor et on va être trente ! ». Non, c’est la plume de Pof et Hyperion qui m’ont séduit. C’était logique et légitime qu’ils fassent partie intégrante du groupe.
Pour parler style, on a entendu du trad. oriental, du contemporain, du minimaliste, des incursions jazz, classiques, des sons clairs de gratte électrique, du violon… Au niveau des textes, on a eu de l’arabe, du français, du spider-man. C’est ça le hip-hop aujourd’hui ou est-ce qu’on est vraiment très loin de tout ça ?
Je dirai qu’il y a de ça dans le hip-hop. Je suis issu de cette culture et j’ai vraiment découvert la musique par le rap ! Avec le temps, je suis devenu curieux et j’ai voulu découvrir d’autres musiques, autant le jazz que l’électro que la world ou la musique classique arabe… Le rap a bien été présent mais on n’est pas un groupe de rap. On est un groupe ! Quoi qu’il en soit le hip-hop évolue, comme toutes les musiques. Ce qu’on défend, c’est le texte, une interprétation et surtout une proposition musicale qui soit vraiment différente. D’ailleurs, à ce sujet, c’est Tho Tho (ndlr : Thomas Loyer, le claviériste du groupe) qui est le directeur artistique de cet album, contrairement au premier où on était tous directeurs artistiques.
C’est lui le Fender Rhodes ?
C’est lui le Fender Rhodes, c’est lui les approches minimalistes dont tu parlais. C’est lui le chef d’orchestre de ce nouveau projet et on en est très satisfaits !
On sent que tu t’es dépassé sur cet album, tu as passé des limites que tu t’imposais jusqu’à maintenant et on sent un petit peu de colère aussi. Il y a des thèmes sur lesquels on te voit un peu énervé. Est-ce qu’on est dans le ressenti ?
On s’est dépassé, on a tous mis le meilleur de nous-mêmes dans ce spectacle autant que dans le premier spectacle sauf que là, c’était nouveau comme proposition et je voulais vraiment que les gens nous écoutent. Pour le premier album, je me disais que si j’y allais en fonçant dedans, ça ne le ferait jamais. Pour le deuxième, on se dit qu’on a plein de choses à dire et sur un autre ton car on n’est pas dans un monde de Walt Disney même si on est super optimiste. La première fois, c’était en tendant la main et maintenant bienvenue chez nous ! Pour revenir sur le fait que je me sois dépassé, c’est la première fois que je suis pris en main par un directeur artistique, Tho Tho m’a vraiment guidé, je lui ai fait confiance et ça s’est entendu… et j’en suis super content ! J’ai aussi invité une amie à m’écrire trois textes. Pour un rappeur, c’est inconcevable… un rappeur écrit ses textes ! Là, pour la première fois, j’ai voulu dépasser ça car cette artiste me plaît beaucoup, j’aime sa plume. Elle m’a écrit plusieurs textes et j’en ai choisi trois. Je me suis reconnu dans ses mots, j’ai aimé le regard qu’elle avait sur notre travail. Elle s’appelle Alexandra Lucchesi-Frébault, c’est une comédienne, metteur en scène du théâtre donc appartient encore un univers qui n’a rien à voir initialement avec vous. Je cherchais une plume littéraire pour ajouter encore un renouveau dans cet album. Et j’ai déjà plein d’autres idées pour le troisième afin de partir sur quelque chose d’encore plus virulent, peut être plus rap, plus électro… On est dans un processus… Et effectivement, j’aurais peut être la mâchoire un peu plus serrée quand je dirais certaines choses et parfois… Nooonn…car on est optimiste, ya pas !!!
Si à l’issue de la sélection de ce soir vous êtes sélectionnés pour le Printemps de Bourges, qu’est-ce que cela signifiera pour vous ?
Ce serait un super cadeau car c’est un festival de grande renommée. Mais ce soir, le simple fait d’être là sur les Inouïs est magique et si nous sommes les lauréats ce sera fantastique. Mais je ne suis pas à l’aise avec cette histoire de classement, de comparaison… Quand on répète dans des locaux et qu’on croise d’autres groupes, pas une seconde on se pose la question de savoir si c’est mieux ! On se dit juste qu’on est tous dans le même bateau…
Résultats le 12 mars !
Propos recueillis par Jérôme Gaillard
Vient de sortir Hybride
Plus d’infos sur https://fr-fr.facebook.com/pages/Iltika/206933345990806
Iltika le 30 mars au Cabaret L’Escale à Migennes (89), les 3 et 4 avril au Bistrot de la Scène à Dijon (21)
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