LES CAPILOTRACTÉES, UN SPECTACLE UN PEU TIRÉ PAR LES CHEVEUX !
- magazinemagma
- 18 mars 2015
- 4 min de lecture

Elles sont toutes les deux finlandaises, l’une est brune et l’autre est rousse mais toutes les deux ont les cheveux longs et solides ! Non, il ne s’agit pas d’un publi-reportage pour une marque de shampoing mais de la rencontre avec les Capilotractées, un duo d’artistes pas comme les autres. Sanja Kosonen, fildefériste, et Elice Abonce Muhonen, trapéziste, ont redécouvert la suspension par les cheveux pour une heure de spectacle drôle et aérien. Rencontre avec l’une des artistes au cheveux flamboyants, Sanja Kosonen.
Vous faites partie de la programmation « Les drôles de dames » au Théâtre de Mâcon, revendiquez-vous un statut particulier, une position pour la place de la création féminine dans le monde du spectacle ?
A la base, la création n’est pas du tout pensée autour de la question de la femme mais il s’avère que notre travail est souvent considérée comme féministe surtout parce qu’on fait ce qu’il nous plait et qu’on ne rentre pas trop dans le stéréotype de la femme « classique ».
Lors de votre spectacle vous êtes suspendues par les cheveux, d’où vous vient cette pratique ?
C’est une pratique du cirque traditionnel qui est connue depuis des siècles déjà mais qui est une technique très rare, un peu ancienne et un peu oubliée. On a voulu retrouver une manière de faire et voir ce qu’on peut raconter avec cette discipline.
L’art forain dont découle votre pratique, n’est plus vraiment représenté pourtant il a inspiré de nombreux artistes. Votre spectacle est-il, en quelques sortes, un hommage à cet art ?
Complètement oui ! C’est un hommage pour toutes les personnes qui pratiquent et qui ont pratiqué la suspension par les cheveux et qui font du cirque en général.
Avant de vous suspendre par les cheveux, il y a-t-il un rituel, une préparation particulière à observer ?
Oui, tout à fait ! Il y a une coiffure très particulière à faire. Quand on a essayé de découvrir cette technique on a cherché des gens pour nous apprendre cet art mais on n’en n’a pas trouvé ! C’est comme un secret et chaque artiste a sa propre coiffure, sa propre technique. Finalement, nous avons eu des conseils à droite, à gauche et on a créé notre façon de faire. C’est une technique qui prend pas mal de temps et qui est très précise. On a besoin de beaucoup de concentration pour la réussir et il nous faut environ une demi-heure pour la faire, mais si on n’y arrive pas, il faut tout recommencer à zéro, ça peut prendre beaucoup de temps.
Etait-ce une volonté de créer ce parallèle entre l’humour présent dans votre spectacle et la douleur que peut ressentir le spectateur en vous regardant? Comment le public réagit-il ?
D’abord, nous n’y avons pas vraiment pensé car le point de départ du spectacle c’était la suspension par les cheveux. C’est en faisant des improvisations qu’on s’est rendues compte que ça pouvait vite être dramatique, un peu « trash » même. On a voulu alléger et trouver le côté absurde de la suspension, ce qui rend le spectacle plutôt drôle. Beaucoup de gens hésitent à venir car ils ont peur que ça fasse mal à regarder et au final ils sont surpris de l’humour que cela dégage. Il ne faut pas être effrayé (rires) !
Quelles sensations éprouvez-vous lorsque vous êtes dans les airs ?
C’est très très particulier ! On peut reconnaitre que ça fait un peu mal. Il y des sensations de vertige qui se mélangent à un sentiment de liberté car les quatre membres sont lâchés.
La motivation du public pour venir vous voir est-elle proche de l’aspect bête de foire, Freacks ou bien est-ce quelque chose davantage en rapport avec la curiosité artistique ?
Oui, il y a une grande part de curiosité. On a voulu garder la surprise, il n’y a presque pas d’images ou de vidéos du spectacle sur internet donc le public ne peut pas vraiment savoir à l’avance ce qu’il vient voir.
Une marque de shampoing vous a-t-elle proposé un contrat publicitaire ?
Oui, oui on a déjà été contactées (rires) !
Lors du spectacle vous opposez des cheveux attachés aux cheveux libres, il y a-t-il une signification particulière pour vous dans cette démarche ?
Dans le spectacle on explore beaucoup le symbole des cheveux dans toute leur force. Après c’est au spectateur de l’interpréter à sa manière. Pendant la création on a vite compris que le cheveu est quelque chose de très intime, propre à chaque personne. Ça peut évoquer un traumatisme, quelque chose d’heureux, chacun a sa propre vision du cheveu.
Nous on est pour la liberté d’expression de chacun et justement avec les cheveux on peut exprimer qui l’on est : on peut les cacher, les montrer, les couper, les colorer…
Comment va le monde du spectacle en Finlande ?
Cela dépend, mais en ce qui concerne le cirque on peut dire que c’est plutôt positif et cela grâce à plusieurs compagnies qui ont fait leur renommée en tournant dans toute l’Europe. Comme dans beaucoup d’autres de pays, lorsqu’on travaille à l’étranger, la patrie d’origine commence à vous apprécier et de ce fait il y a de plus en plus de spectacles et de compagnies.
Pour vos prochains projets, allez-vous explorer d’autres techniques originales : la femme canon, la femme à barbe… ?
Pour l’instant on n’a pas vraiment de nouvelle création en tête. En plus des Capilotractées on a un autre spectacle, Mad in Finland, qui est un spectacle sous chapiteau où on est sept finlandaises à explorer plusieurs disciplines…
Propos recueillis par Sarah Belnez
Pour en savoir plus : http://www.theatre-macon.com/2014-2015/capilotractees
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