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ROSEMARY STANDLEY, A QUEEN OF HEART Comme une invocation...

  • magazinemagma
  • 19 mars 2015
  • 6 min de lecture

D’un duo avec Dom La Nena au spectacle A Queen of Heart en passant par le projet Love I Obey, Rosemary Standley jongle habilement entre les styles et les époques. Ce soir et jusqu’à samedi, (Grand Théâtre - Dijon), elle apparaîtra sous les traits d’un personnage fasciné par la célébrité : A Queen of Heart ! Un voyage intimiste, au cœur de la relation d’une star avec son public, les médias, avec elle-même… A travers les chansons de Marilyn Monroe, Nina Simone ou Nancy Sinatra…

Quelques heures avant sa première représentation dijonnaise elle revient sur ses différents projets et livre quelques secrets du spectacle.

Rosemary, vous enchaînez les projets, on vous retrouve avec Moriarty bien sûr, mais aussi sur des registres un peu moins attendus avec Dom La Nena par exemple et le magnifique disque Birds on a wire, une belle balade sur 5 siècles de musique, de Monteverdi, Purcell à Cohen ou encore à Tom Waits… et puis aujourd’hui un tour de chant au parfum plutôt music-hall. Pourquoi, au-delà de la beauté du résultat, ce désir d’incarner ces grands noms de la musique ?

Pour plusieurs raisons. D’abord j’aime bien faire des choses très variées, travailler avec des gens très différents et chaque projet est envisagé de manière nouvelle. Avec Moriarty on est plus sur un répertoire de création et d’écriture ensemble. Pour Birds on a wire, c’est plus un répertoire qu’on a constitué toutes les deux avec Dom La Nena mais qui partait d’une volonté d’être sur quelque chose de très minimal musicalement et d’arriver à arranger des morceaux que tout le monde connaît plus ou moins et qui étaient, pour moi, des morceaux de référence de mon enfance. Avec Moriarty on est six et là j’avais envie qu’on se retrouve avec deux voix et un violoncelle qui se pose comme un instrument d’accompagnement mais aussi un instrument soliste. Le travail sur ce tour de chant c’est encore autre chose. C’est né d’une rencontre avec Juliette Deschamps. Il y a quelques années avec Moriarty on a collaboré sur une musique de film d’animation qui s’appelle La véritable histoire du Chat Botté et ça s’était très bien passé. On avait le désir toutes les deux de poursuivre cette aventure, je souhaitais être mise en scène et elle avait envie de le faire. C’est pas du tout la même conception que les autres projets parce que c’est d’abord une envie de la scène et de créer une histoire, un personnage. Evidemment, on avait en tête quelques morceaux mais ici, il y a vraiment une dramaturgie. Une fois qu’on a constitué le répertoire elle a écrit comme une pièce de théâtre du début jusqu’à la fin. Il y a vraiment une histoire, tout est construit, il y a une scénographie et des lumières qui sont très belles. Lorsqu’on y a réfléchi, le piano nous a semblé être l’instrument le plus représentatif du cabaret, du music-hall. Effectivement, au départ on pense que c’est un tour de chant un peu classique si on ne comprend pas l’anglais. Mais chaque morceau constitue un petit évènement de l’histoire. C’est un personnage qui se pose un peu comme une « star américaine », on voit ses humeurs, ce par quoi elle passe. C’est une chanteuse qui est à la fois unique mais qui emprunte à Marilyn Monroe, à Greta Garbo, à Marlène Dietrich, à Nina Simone… On s’est demandé ce qu’on voulait faire ressortir de ces personnages-là, de cette idée de la star à cette époque. Aujourd’hui on n’a plus vraiment le même rapport avec ce genre de personnalités. Il y avait quelque chose de vraiment fascinant à cette époque. On voulait raconter ce rapport à la scène/à la ville, quelle est la vie de ce genre de personnage, qu’est-ce qui transparait sur scène, qu’est-ce qu’on a envie de montrer ou pas… Et aussi le constat que toutes ces personnalités qui étaient si incroyables dans leur travail avaient des vies aussi brisées.

Au début de votre projet A Queen of Heart vous vous êtes associée à la costumière Vanessa Sannino et à Juliette Deschamps. Etait-ce un choix délibéré de ne travailler qu’avec des femmes dès le départ ?

Non pas du tout. On a décidé de faire ce spectacle ensemble avec Juliette et il se trouve que Vanessa a beaucoup travaillé avec Juliette sur plusieurs opéras. Je ne connaissais pas vraiment Vanessa, c’était un choix de Juliette. C’est quelqu’un qui a énormément d’humour et qui est très créative. Elle est géniale, elle a réussi à traduire en costume deux moments de la vie du personnage. Et forcément, le vêtement aide à incarner le personnage.

Est-ce compliqué d’ajouter au chant, la comédie?

Je ne me considère pas comme comédienne mais comme interprète. Je n’ai pas du tout de technique mais je m’amuse beaucoup à faire vivre ce personnage. Il n’y a pas beaucoup de texte, l’écriture est très minimale mais c’est un plaisir !

Votre répertoire ne se limite ni aux époques, ni aux langues, ni aux frontières. C’est un peu le voyage de Major Tom que vous nous faites traverser ? Ça commence bien et ça se termine mal ?

Non justement on voulait que ça se termine bien ! On s’est inspirées de ce destin-là pour créer le personnage mais on n’a pas eu envie de coller à quelque chose qui existait et on voulait finir sur quelque chose de gai.

Tout à l’heure vous évoquiez l’idée du star system américain, est-ce que vous abordez cette idée contradictoire entre l’admiration, la fascination du public et la solitude rencontrée par ces personnages ?

Oui, ça parle un petit peu de ça. Il y a deux parties dans le spectacle. Dans la deuxième partie il y a ce rapport avec les journalistes et le public. Au début elle en demande et elle connait finalement un retournement de situation. De toute façon à un moment donné la question de la vie privée se pose.

C’est une question que vous vous posez personnellement ?

On se pose forcément ce genre de question mais je n’ai pas du tout ce problème. Les choses sont très séparées dans ma vie.

Parmi toutes les chanteuses que vous interprétez dans le spectacle, y en a-t-il une en particulier que vous auriez aimé rencontrer ?

Autant, je suis extrêmement fan de toutes ces artistes, autant je ne suis pas sûre qu’il faille rencontrer les gens qu’on admire. Il y a peut-être une, c’est Joan Baez, qui est toujours vivante et que je trouve toujours incroyable. Mais si j’avais pu, je ne suis pas sûre d’avoir eu l’envie de rencontrer Marlène Dietrich ou les autres. C’est toujours compliqué parce que ces personnes-là quand vous les rencontrez elles ne savent pas si vous venez les voir pour elles ou pour le fait qu’elles soient célèbres. Il y a comme un décalage entre ce qu’elles sont et ce qu’elles représentent, et c’est un peu toute la problématique de ces artistes et du spectacle.

A travers cet hommage aux chanteuses d’antan et ce nouvel album Epitaph avec Moriarty, vous semblez avoir besoin de faire revivre le passé pour vivre le présent…

Il y a un petit peu de ça. C’est un peu une question piège car Epitaph est un album qui parle de mort, de résurrection, de fantômes, on s’est beaucoup inspirés de l’œuvre Le Maître et Marguerite de Mikhaïl Boulgakov. C’est également un hommage aux morts et nous avons été beaucoup influencés par la musique réunionnaise. Comment rendre hommage à ceux qui ne sont pas là ? C’est effectivement une façon d’envisager le présent, en faisant référence au passé d’une certaine manière…

Depuis Birds on a Wire, en passant par ce spectacle ou Epitaph, on a l’impression d’une sorte d’incantation ?

Ce n’est pas conscient mais j’y ai toujours cru. J’ai fait une radio avec Daniel Mesguich qui a dit quelque chose à ce propos. Il racontait que quand on est sur scène, on dit ses textes à la fois pour les gens qui sont dans la salle mais également pour ceux qui n’y sont pas. Ça peut être pour l’auteur, pour les interprètes qui l’ont fait vivre avant… Ça peut être pour tous les gens qui sont là sans être là donc effectivement il y a quelque chose d’incantatoire.

Epitaph tranche un petit peu avec ce que faisait Moriarty jusqu’à maintenant, on est dans quelque chose de plus bluesy, de groove aussi, avec même une touche yé-yé. On dirait que Moriarty s’était un peu enfermé dans un style et que cet album, ce spectacle sont une sorte d’échappatoire…

J’ai toujours envie d’autres choses. Je ne pense pas qu’avec Moriarty on se soit emprisonnés dans un style, au contraire. Ce qui peut donner l’impression d’une unité c’est le fait qu’on soit sept à écrire, il faut trouver des consensus et c’est ça qui fait à la fois la division et la force. A partir du moment où on écrit en groupe ça tire à la fois dans tous les sens et en même temps ça doit exister quelque part. J’ai l’impression que pour cet album on a réussi à se renouveler un petit peu. Le premier album était très folk, c’était identitaire, le deuxième faisait un renvoi au folk mais était beaucoup plus rock dans certains sons. Après il y a eu Fugitives qui était un album de références, ou on interprétait de manière différente des musiques folk et là j’ai l’impression qu’on est plus parti dans tous les sens. Je sens vraiment l’influence de la musique réunionnaise par exemple, il y a une envie que ça décolle. On avait envie que ce soit un peu plus entraînant, que les gens aient envie de se lever et de danser.

SBN / SB / JG

plus d'info ici : TDB

En écoute sur Radio Cultures Dijon

 
 
 

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