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LES OGRES DE BARBACK 20 ans de scènes, les coulisses de la liberté !

  • magazinemagma
  • 30 avr. 2015
  • 6 min de lecture

Dans la série des anniversaires, après la Vapeur, Magma revient sur l’épopée d’un groupe toujours aussi droit dans ses pompes, une fratrie incorruptible et créative qui, après plus de 2000 concerts et une tournée incroyable avec la Fanfare Eyo’Nlé, pose son accordéon, ses cordes et ses cuivres pour nous parler de l’album des 20 ans, de la scène, des coulisses d’un quatuor à géométrie variable et d’une notion qu’on aurait presque oublié : la liberté !

Rencontre avec Mathilde des Ogres de Barback...

MB : Vous avez fêté vos 20 ans en 2014, après 20 ans de carrière est-ce que la fatigue s’installe ?

Mathilde : Non, pas vraiment ! Nous avons tellement fait de choses en 20 ans, on ne s’est jamais arrêté et on n’a pas vu passer le temps. Mais c’est vrai que là, on fait un petit break en 2015, pour mieux reprendre plus tard et trouver des idées pour la suite… Ce qui est sûr c’est que nous allons repartir sur la route !

MB : On vous a vu l’an passé à l’Oeno Music Festival à Dijon, comment faites vous pour, à chacun de vos concerts, avoir toujours le sourire et une si belle énergie ?

M : Eh bien je ne sais pas (rires) ! Mais on nous dit souvent que pendant nos concerts il y a toujours une super ambiance. On a l’impression qu’il y a une communication entre le public et nous. Ca vient peut-être du fait qu’on ne s’assoit pas sur nos acquis, qu’on se met toujours un petit peu en danger, qu’on essaye de nouvelles choses. On a fait des propositions complètement différentes pendant 20 ans, alors le public s’attend toujours à des petites surprises. Plus récemment, sur toute l’année 2014, avec la Fanfare Eyo’Nlé c’était vraiment la fête, tous les soirs c’était un concert différent et nous, on a adoré ça !

MB : Il y a une époque où on n’arrivait plus à compter les groupes festifs tant il y en avait, mais aujourd’hui, beaucoup ont disparu, quelle est la recette de la longévité ?

M : Oui, on a fait ce constat là aussi, il y a beaucoup de groupes autour de nous qui s’arrêtent alors qu’ils ont commencé avant nous ou quand nous avons démarré. Alors, on voit des copains qui disent : « on arrête, on va faire autre chose » et puis il y a aussi des reformations dans d’autres styles musicaux. Par contre, au niveau de la chanson, on a pas mal de petits frères ! Quand on a commencé, on avait des grands frères comme les Têtes raides, la Tordue… Aujourd’hui, on entend plein de petits groupes dans notre style : la chanson festive. Ca fait vraiment plaisir, surtout quand on te dit : « vous nous avez inspiré il y a 10 ans et depuis on s’y est mis, nous aussi ! ». C’est la relève (rires) ! En ce qui nous concerne, on ne s’est jamais vraiment posé la question de savoir si on allait arrêter ou continuer, pour l’instant, c’est complètement logique de continuer, tant qu’on progresse, que le public est là, tant qu’on ne s’ennuie pas… La routine n’a pas réussi à s’installer chez nous et peut-être que les gens le ressentent aussi. Chaque année, on se remet en question, on essaie de trouver de nouvelles idées, de proposer des choses différentes... Nous on ne s’ennuie pas alors j’espère que pour le public c’est pareil !

MB : Nous rentrons dans la période des festivals, en 20 ans de carrière, quel est ton constat sur l’état des festivals en France ?

M : On a fait vraiment beaucoup de petits festivals, il y en a beaucoup en France mais aujourd’hui, on sent vraiment le déclin de ces événements. Nombreux sont ceux qui galèrent, qui sont obligés d’arrêter. On en a vu plein autour de nous, où on a été programmé deux ou trois fois en 20 ans, qui ont disparu alors qu’ils se sont battus jusqu’au dernier souffle, espérant quelques subventions qui n’existent plus aujourd’hui… C’est triste, car c’est grâce à ce genre de festivals qu’on a commencé, grâce à de petites salles aussi ou de petits cabarets. Aujourd’hui, on a quelques gros festivals plutôt que plein de petits, c’est plus désormais des tremplins où il faut se montrer, t’en fais trois et c’est fini, pas vraiment notre truc ! On essaie de soutenir cette scène où ce sont des associations de bénévoles qui se donnent la peine d’organiser quelque chose dans les campagnes. Nous habitons tous plus ou moins à la campagne et c’est ce qu’on défend, c’est ce qu’on aime ! Ces festivals créaient du lien social, c’est vraiment dommage.

MB : Que penses-tu du cachet que certains artistes demandent pour se produire ?

M : En demandant des cachets exorbitants, ces artistes s’enferment eux-mêmes, ils feront deux ou trois gros festivals un peu nul, sans esprit et sans humanité et c’est tout ! Nous, ce n’est pas du tout ce qu’on recherche. Ces artistes là s’enferment dans leur bulle en pensant naïvement que c’est comme ça qu’ils vont « financer » leur carrière… On ne fait pas le même métier !

MB : Vous considérez-vous comme les héritiers libertaires d’un Brassens et sinon de qui seriez-vous les descendants ?

M : Héritiers de Brassens ça, ça nous fait plaisir ! Tout le monde nous l’a dit pour le dernier album et à propos de la pochette aussi qui est clairement un clin d’œil. C’est vrai que Brassens c’est un peu notre Mecque ! Cela se ressent dans les textes mais également dans notre manière de fonctionner. Après, nous on se sent plutôt descendants de la scène des années 80 qui nous a vraiment inspiré au début. Il y a la Mano Negra, par exemple, qui faisait ses tournées en voyageant, c’est ce qui nous a donné envie de faire ce métier. On est plutôt de cette mouvance là, l’esprit rock’n roll et voyageur !

MB : Vous venez de sortir 20 Ans, un double album live avec la Fanfare Eyo’Nlé mais aussi, avec une petite vingtaine d’invités parmi lesquels les Têtes Raides, la Rue Ket’, Mc Anuff et Fixi, les Hurlements d’Léo, Debout sur le Zinc mais aussi Anne Sylvestre et bien d’autres… C’est un peu la famille tout ce monde là ?

M : Oui c’est ça, la famille est une notion très large chez nous… Cela fait 20 ans qu’on croise des copains, des groupes qui nous apportent beaucoup et pour cette tournée on a eu envie de rassembler un peu toutes ces histoires et ces gens là. Et puis comme nous, ce sont des groupes de scène qui partagent la même éthique en cherchant essentiellement à jouer dans de petits ou moyens festivals, dans de petites salles. On se croise régulièrement et on s’entend bien.

Tous les soirs sur la tournée des 20 ans, on a eu un invité différent, une chanson différente à présenter, c’était un peu comme un challenge. Alors, on a tout enregistré et gardé le meilleur pour ce disque et bien sûr, la fanfare y tient une grande place. Il y avait une 1h30 de chansons des Ogres réarrangées par la fanfare et par nous. Ce disque est en fait, la restitution de l’ambiance de la tournée 2014. D’ailleurs Eyo’Nlé sort aussi son album en ce moment, Empreinte du Père !

MB : Aujourd’hui, est ce que c’est important d’avoir des groupes comme le vôtre avec une véritable liberté de ton ? Et n’est-ce pas un peu dommage d’en avoir de moins en moins ?

M : Oui, on se fait souvent la réflexion, c’est vrai qu’il y a de moins en moins d’engagement de la part des chanteurs « populaires », il faut toujours que ça viennent d’en bas. On nous reproche souvent, à l’inverse, de dire nos opinions. Mais nous, on est là pour s’exprimer, passer des petits messages dans nos chansons. C’est jamais complètement politique, mais il est vrai que si on se met, nous les artistes, à fermer nos bouches, ce sera la fin je pense !

MB : L’album sorti, quels sont vos projets maintenant ?

M : Pour l’instant, on se prépare à se préparer (rires) ! On travaille sur l’organisation pour l’année prochaine, on ne cache pas que les temps sont de plus en plus durs et on est indépendant et totalement auto-produit alors il faut qu’on arrive à survivre avec notre label (Irfan). Il ne faut pas couler mais ça va aller ! Voilà, déjà on travaille là-dessus et puis musicalement, je pense qu’on va essayer de se retrouver tous les quatre peut-être, de manière plus acoustique, à partir de l’automne prochain. C’est notre façon, après de grosses tournées avec beaucoup de monde, de se retrouver tous les quatre avec notre public

MB : Votre liberté vous coûte cher ?

M : Nous, financièrement c’est toujours des remises en question. Après, c’est ce qu’on a choisi et on n’aurait pas fait autrement. Mais quand on arrête une tournée on n’a pas la grosse maison de disques derrière alors il faut s’organiser durant la pause avec nos petits moyens à la maison ! On a choisi d’avoir notre liberté même si c’est beaucoup de travail. La vente de disques n’étant plus ce qu’elle était, elle ne nous permet plus de financer le disque suivant, il faut trouver « des à côtés ». Avant un disque en finançait un autre et etc… Et puis, nous quatre, on ne vit que des concerts alors, quand ça s’arrête, c’est plus compliqué mais tant qu’on est programmé, il n’y a pas de souci, on peut continuer !

Propos recueillis par Jérôme Gaillard

 
 
 

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