YANN RIVOAL, Une seconde jeunesse pour La Vapeur !
- magazinemagma
- 30 avr. 2015
- 5 min de lecture

Avec près de 130 événements et plus de 47000 spectateurs et usagers par an, la Vapeur est une scène de musiques actuelles incontournable à Dijon. Mais elle ne se réduit pas à une salle de concerts et met l’accent sur l’action artistique et la médiation culturelle. C’est d’ailleurs par cette pluralité des activités que l’établissement parvient à attirer un public tout aussi éclectique. Et si le monde de la culture connaît des difficultés budgétaires, l’équipe poursuit sa volonté d’améliorer constamment les lieux et projette une rénovation totale de la Vapeur. Retour sur 20 années de convivialité, de diversité et de découvertes musicales avec Yann Rivoal, directeur des lieux !
MB : Comment d'un projet associatif on devient une structure professionnelle et quasi-indépendante gérant une équipe d'environ 15 personnes?
YR : La Vapeur est née de la demande d’un mouvement associatif qui s’est fédéré pour demander à la mairie de Dijon un lieu pour organiser des concerts. Ils ont été entendus et ce lieu a été aménagé là où se trouve la Vapeur aujourd’hui. Ensuite, la municipalité a géré cet endroit et d’un simple lieu pour accueillir les associations, une équipe s’est créée petit à petit. Au fil des années ce n’était plus seulement qu’un lieu de diffusion de concerts mais aussi un lieu de répétition avec des studios, un lieu de travail pour les artistes en dehors de la rencontre avec le public, et puis, plus récemment, un lieu de formation, d’actions culturelles et de rencontres avec le public au sens large.
MB : A qui doit-on la réussite de ce lieu?
Beaucoup sont concernés. Déjà, tous ceux qui ont contribué à sa naissance et à son fonctionnement. Tous ceux qui ont travaillé là, en tant que salariés, bénévoles, les intermittents du spectacle, toutes les associations qui ont fait vivre ce lieu, les artistes, tous les dijonnais qui l’ont fréquenté depuis 20 ans et puis les élus qui ont soutenus financièrement son fonctionnement depuis toutes ces années. Je pense que c’est vraiment un lieu qui travaille pour l’intérêt général.
MB : Aujourd’hui, quel rayonnement la salle a-t-elle ?
Je crois qu’elle est assez bien implantée dans la ville et même au-delà. Elle est connue largement en Côte d’Or et même en région Bourgogne. Il n’est pas rare que des gens viennent de Lyon, de Besançon ou d’ailleurs pour voir des concerts. Au niveau des musiciens on peut dire qu’au même titre que d’autres salles elle est assez bien connue au niveau national, voire un petit peu au-delà dans des pays qui ne sont pas très éloignés comme la Suisse ou la Belgique.
MB : 20 ans après, quel est le bilan pour la Vapeur?
Le bilan, je ne sais pas. Ce qui est certain, c’est qu’au bout de 20 ans, elle a montré son utilité pour faire une place aux musiques populaires en Bourgogne sachant qu’à Dijon, il n’y a pas que la Vapeur qui est présente. Je pense que c’est surtout un état d’esprit, essayer de faire vivre la diversité musicale, représenter le plus de genres possible, que le public soit éclectique et aussi, pratiquer la musique à travers toutes les possibilités que nous proposons.
MB : Quels sont les événements marquants de son histoire?
Il y en a eu énormément mais je n’en ai pas une connaissance totale. Je pense que la première date c’était l’ouverture de la Vapeur en avril 1995 et puis le souvenir de certains concerts, de certains artistes très connus comme Muse, Radiohead, Charlie Winston, Justice, Stromae et pas mal d’autres. Il y a toujours une petite fierté de la part des gens qui ont assisté à ces concerts de dire « j’y étais ». Ça participe un peu à la construction de la légende d’un lieu. Mais il y a eu également beaucoup d’autres moments forts avec des artistes peut-être moins connus.
MB : Justement, quels sont les temps forts à venir pour les 20 ans de la Vapeur ?
On a prévu un gros week-end de célébration du 18 au 20 septembre, on est en train d’établir le programme. Nous allons essayer de réunir des gens qui ont gravité autour de la Vapeur depuis 20 ans et dans le secteur musical à Dijon. On va aussi réunir des groupes de Dijon, d’hier et d’aujourd’hui pour se produire à ce moment-là et on va présenter des archives, des souvenirs qui ont trait avec la salle. En attendant, la période entre juin et octobre sera ponctuée de quelques soirées incluant un bal estival le 27 juin dont le but sera de danser tous ensemble, parce que c’est aussi ça la musique !
MB : Vous allez fermer durant une année, que se passera-t-il durant cette période ?
En terme de travaux, on va revoir la Vapeur, la transformer même. Nous allons augmenter sa capacité, retravailler les lieux d’un point de vue acoustique et technique, mais également améliorer l’accueil du public et des équipes professionnelles qui y travaillent. On présentera le programme quand on le pourra avec l’architecte qui va bientôt être choisi. Pendant la fermeture pour les travaux nous allons continuer nos activités mais de manière un peu moins soutenue. Nous allons devenir nomades et trouver refuge chez nos collègues et amis d’autres lieux. On fera des concerts de manière assez régulière sur la Péniche Cancale, le Consortium, l’Atheneum et se baladera dans d’autres endroits où nous n’avons pas encore mis les pieds.
MB : Comment se fera la réouverture, avez-vous déjà imaginé un lot de surprises pour la nouvelle Vapeur?
On a imaginé ce que serait la nouvelle Vapeur mais on attend de voir comment l’architecte va s’en emparer et traduire ça par le bâtiment. Ce qu’on proposera comme concerts et évènements après la réouverture, c’est encore trop tôt pour en parler, même si on a des idées. C’est encore trop éloigné et la date n’est pas encore suffisamment arrêtée. L’objectif est de garder l’identité de la Vapeur, tout en améliorant la convivialité et l’accueil. On veut que lieu soit plus ouvert car on est encore sur une construction qui date des années 90’, qui est un peu austère. Ce que les gens apprécient je pense c’est le rapport avec la scène, avec les artistes.
MB : A l’heure où les festivals disparaissent, quels moyens comptez-vous mettre en place pour pérenniser ceux ayant lieu à la Vapeur comme Génériq ou le Festival MV ?
On essaie justement de trouver des partenaires publics en leur montrant tout l’intérêt de ces moments forts. On fait le choix, que ce soit pour Génériq ou le Festival MV, de ne pas miser sur un festival de têtes d’affiche qui soit très cher mais plutôt d’aller à la rencontre des publics en misant sur la curiosité et la découverte musicale.
MB : Quel est l'artiste que vous voudriez absolument voir passer à la Vapeur ?
Alors ça je ne sais pas car il y a rêve et réalité ! On vient d’accueillir, par exemple, Godspeed You! Black Emperor, un groupe de Montréal qui est déjà une petite légende dans le milieu musical. Bien sûr ce n’est pas un nom qui parle à tout le monde. Ce qui est étonnant c’est que c’est un groupe qui a 20 ans et qui a lancé un label qui est mondialement respecté. Ce sont des gens qui sont assez rares en concerts et en tournée et le fait de les accueillir à la Vapeur à l’occasion des 20 ans fut une joie et une fierté pour nous.
Propos recueillis par Sarah Belnez
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