GODOT vs. LATE NIGHT
- magazinemagma
- 6 juil. 2015
- 2 min de lecture
Théâtre en Mai – mai 2015- (Grand Théâtre / Parvis Saint-Jean – Dijon)

Attendre Godot, nous l’avons attendu !
Difficile de rendre plus bel hommage à Beckett qu’avec ce casting ressuscitant les plus belles heures de Laurel et Hardy avec Abbès Zahmani et Charlie Nelson. Et le détour aux numéros de clown ne s’arrête pas là, convoquant tour à tour Buster Keaton ou Charlie Chaplin pour les ressorts comiques tranchant avec l’absurde. Quant à la mise en scène de Jean-Pierre Vincent, elle aussi reste fidèle aux premières affectionnaient de Beckett, identique, à quelques détails près, à celle de Roger Blin de 1978.
Mais est-ce le théâtre d’aujourd’hui ? Beckett aurait-il choisi ce comique de music hall en 2015 ? Quant à Godot, nous l’avons attendu… peu…pris par le jeu et parfois par cette impression de déjà vu ou de trop vu qui gomma l’attente, sa tension et peut être Godot avec…
Une pièce peut-être un peu trop classique déjà ! Et Blin, comment la verrait-il aujourd’hui ?
Tout comme notre camarade d’un autre canard, couché à la fin du premier round, nous avons pris place dans un autre fauteuil, dans un autre lieu avec une compagnie qui plus que jamais incarne cette attente car quel espoir peut avoir la Grèce aujourd’hui ?
Oui, le Blitz Theatre Group est une compagnie grecque déjà venue nous raconter l’épopée de l’Homme occidental moderne, en 2013, à Dijon, avec cette question : Peut-on changer le monde ? La question est toujours en suspend dans Late Night… Une guerre s’est déclarée en Europe et dans les ruines d’une salle de bal, la vie continue ou est-ce l’inconscience ? Le temps semble s’être effondré et l’assemblée, coincée dans le temps, tue l’ennui au bord des gravats. On danse, on fait de la magie, des tours de passe-passe miteux, des acrobaties ratées et on applaudit et on se remémore des histoires d’amour, on refait le passé et on trompe la mort jusqu’à dans son antichambre. Qu’est ce qu’on fera demain quand se terminera enfin cette guerre ?

Il faudra reprendre tout à zéro, faire la Révolution et puis… Non ! Une autre danse ? Sommes-nous encore capable d’imaginer un monde nouveau ou sommes-nous déjà morts ? C’est la question que fait tourner inlassablement sur le gramophone le Glitz Theatre Group ! Un théâtre qui lui, sort de ce huis clos pour renouer avec la réalité et avec ce besoin d’interroger nos contemporains.
Jérôme Gaillard
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