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SEBASTIEN FOUTOYET ET LA Cie SF, ON THE ROAD AGAIN !

  • magazinemagma
  • 4 mai 2017
  • 7 min de lecture

Dernière mise à jour : 12 sept. 2019


Sébastien Foutoyet, c'est un peu le Arno du Théâtre mais sans l'accent Belge. Coups de gueule poétiques, tirades aux mots crus, attentats artistiques, humour féroce… La Compagnie SF est un joyeux bazar !

On la retrouve tout à tour en Mobylette sur les routes de Bourgogne, en bonnet de bain, en discothèque ou derrière les barreaux mais toujours avec cette idée fixe d'amener le théâtre vers le public ; dans les campagnes, les cités, les squares… En fait, là où ne l'attend plus !

On chausse les crampons car cette fois, la SF nous amène au stade... Rencontre avec Sébastien Foutoyet, metteur en scène de la compagnie et gardien de but de la coupe du monde !

Comment la SF a-t-elle vu le jour ?

SF : En 2004, il y a eu un premier essai de compagnie avec Julien Colombet, Ingrid Strelkoff… Avec ce noyau dur là, on faisait des happenings, on gueulait dans la rue, on chantait… On travaillait pour d'autres compagnies et puis j'ai fini par monter la Cie SF en 2006 pour faire notre truc à nous ! On a démarré avec un montage de textes sur la question de la domination sexuelle ! On adaptait la mise en scène à chacun des lieux où l'on jouait, on sortait des bouches d’égouts, on jouait sur des toits… C'était vraiment chouette !

Qu'est ce qui a permis à la SF de sortir des bouches d’égout alors ?

Il y a déjà le partenariat avec le Théâtre Mansart qui a toujours existé et puis, cette rencontre avec un auteur mort, Werner Schwab ! Il m'a bien fait rire, il parlait de choses atroces comme j'aimais bien, on a donc monté Excédents de poids, insignifiant : amorphe. Je crois que c'est là que la Cie a vraiment démarré. Il y avait quatorze personnes sur scène, c'était un vrai bazar avec de la viande qui tombait du ciel… C'était drôle et vraiment bien et le fait de se marrer en disant des trucs atroces, je crois que ça a déclenché une ouverture sur moi et je me suis retrouvé plus à mon endroit, c'est à dire plus populaire. Dire des choses, oui, mais en éclatant les boutons et en faisant sortir le sébum. On continuait aussi avec nos happenings, on faisait les pères Noël en plein juillet, du stretching tôt le matin, on gueulait des textes sur le marché… Mais j'avais un projet avec Romain Nieddu, notre ancien scénographe, on voulait partir tous les deux sur les routes en Mobylette et faire les Lettres Luthériennes de Pasolini, de Dijon au sud de l'Italie mais à l'arrache comme ça ! C'est alors que j'ai rencontré François Chattot (NDLR : ancien directeur du TDB) dans la rue, on était un peu saouls tous les deux, je lui ai parlé de mes projets et Chattot m'a dit : « Pipip ! Viens voir, hop ! On va dans mon bureau, on dessoûle un coup et on va en causer ! » Et c'est là qu'on a mis le pied au Centre Dramatique National de Dijon Bourgogne et cela s'est transformé en une commande. On a fait le tour de la Bourgogne en Mobylette et on n’était pas deux mais... 7 mob à faire la traversée : Le Petit Cirque des tribuns a été une belle aventure et a vraiment validé chez moi le fait qu'il fallait sortir le théâtre du théâtre, se mettre à l'extérieur et faire un vrai service public.

C'est devenu une marque de fabrique de la Cie ?

Oui, je m'y emploie ! Je ne vais plus guère dans les théâtres, je n'ai plus l'overdose de la chose et quand j'y retourne, je suis étonné, je suis devenu un super public mais on se retrouve dans un entre-soi qui est facile et qui me fatigue. Je préfère aller à la rencontre, au pied des gens, pour leur balancer de la poésie, du théâtre, des mots… Aller à la rencontre et discuter en buvant un coup avec le public, voilà ce qui m'importe ! Je suis un gars du peuple et j'ai besoin de ce rapport, je regrette que lorsque j'étais môme aucune cie ne soit venue se poser dans mon petit village…

Ce qui a vraiment transformé le parcours de la Cie, c'est la construction des gradins, ils tiennent dans ma bagnole et on peut y poser 110 paires de fesses ! Donc on est libre d'aller où l'on veut sans attendre la validation de M Machin pour proposer ce qu'on veut et aller à la rencontre des publics dans les campagnes, dans les villes, dans les citées… On peut se poser et proposer ! C'est ce qu'on a fait avec le Miracle dans la fosse, à Dijon, dans les quartiers de la ville, où on se posait dans les jardins, dans les squares…

Début mai vous repartez sur les routes avec « Le Monologue du Gardien de But », de quoi s'agit-il?

Oui, on part sur les routes pour aller sur les stades ! Je suis parti du constat que ce qui faisait vraiment bander le peuple Français ce n'était pas le foot mais vraiment la Coupe du Monde. Même si tu n'aimes pas le foot, au moment de la Coupe t'es obligé d'être un minimum concerné. Pour moi, ça part d'une frustration car en 1998, j'étais en Pologne. Quand je suis rentré en France, tout le monde était frère, on sentait vraiment quelque chose... pour dire, même Chirac a été réélu !

Bref, c'est le gardien de but de l'équipe nationale, il s'emmerde tellement qu'il a décidé de déplacer la tribune pour la mettre dans ses 16,50m. On est en plein dans la Coupe du Monde 2017 ! On s'en fout du gardien d'habitude, le public focalise sur le ballon et on voit le gardien que quand il y a une occasion ou un péno, et lui pendant ce temps, il s'ennuie. J'ai vu un match de D2 avant d'écrire le spectacle. Au début, le gardien, il est chaud, il saute dans tous les sens, puis peu à peu son corps se délite, se ramollit, il ne sait plus quoi faire alors il se recoiffe, se retourne et moi je me suis surpris durant le match à ne pas tenir cas de ce gardien et pourtant il a un rôle clef, c'est le portier, ça ne doit pas entrer, un point c'est tout ! La particularité du portier de la pièce c'est qu'en 23 ans de carrière il ne s'est jamais pris un pion, jamais une balle n’est rentrée dans ses cages. A un moment donné, il dit : « Les cages c'est comme la chatte à ma sœur, rien ni personne n'y rentre ! ».

Dans le spectacle je ne tape pas trop sur les footballeurs mais plutôt sur les financeurs du foot, pas ceux qu'on retrouve sur les petits stades de province, non, sur ceux du Cac 40 ! On les remercie d'ailleurs pendant la pièce car sans eux la France ne serait pas le pays des libertés et d'ailleurs j'en profite pour remercier Liliane Bettencourt car c'est elle qui finance le spectacle et c'est pour cela qu'il est gratuit ! On tape un peu aussi sur ceux qui regardent et qui critiquent le football et puis il y a la grande question : « Maintenant qu'on a la coupe où est ce qu'on se la met ? » Finalement, on a fait quoi de 1998, qu'est ce qu'il en reste, hein ?

Le football ici est un prétexte, c'est un thème qui lie, comme la coupe de 98 l'a fait. Tout le monde s'est intéressé au foot d'un seul coup. Partout où on va dans les villages, le théâtre, l'art, les gens s'en sentent un peu exclus mais là, ils ont une clef pour entrer, on va parler foot, parler foot dans un spectacle et après on boit un coup ! On le dit dans la pièce : « le foot, le théâtre... tout ça n’est qu’un prétexte, un prétexte pour boire un coup ! Le fait d'aller à la campagne ou dans les quartiers et de poser un spectacle qui parle de foot, là les gens se disent : « Enfin quelqu'un qui s'intéresse à nous ! ». Et puis, le foot, on maîtrise tous un peu, on a des références alors on n’est ni effrayé ni complètement paumé dans un truc où on ne va rien comprendre. On leur donne envie d'aller au spectacle, il n'y a plus de crainte. Et puis, c'est une façon de rencontrer d'autres spectateurs que ceux qui vont habituellement au théâtre. On s'adresse aussi bien aux gens qui aiment le théâtre qu’à ceux qui aiment le foot ! Mêler les gens, les faire se rencontrer, boire un coup ensemble à la fin, c'est ce qui m'intéresse ! Et puis, je ramène la Coupe du Monde quand même, ce n'est pas rien ! Le pitch c'est ça, c'est un gars qui tente au maximum de redonner la joie et du plaisir aux gens. Il est complètement démuni mais il a entendu dire que 98 ça avait été super, que la génération BBB (Black, Blanc, Beurre) ça avait presque marché. Tout le monde était Français et on déambulait tous ensemble avec une euphorie magique et lui il veut ça, que tout le monde soit heureux...

Propos recueillis, entre deux coups, par Jérôme Gaillard

le 6 mai au stade de foot de Minot (à côté de Salives) 21

les 11 et 12 mai sur le city stade du CROUS de Dijon – par le Théâtre Mansart (21)

10 juin, 20h30 : stade de foot d’Aignay le Duc – 21

13 juin, 19h30 : espace Louison Bobet, bd Doumer, dans le cadre de la présentation de saison de l’ABC Dijon – 21

17 juin, 18h30 : Grande fête du projet D, La Cartonnerie – Mesnay – 39

18 juin, 17h00 : stade de foot d’Ahuy -21

du 20 au 23 juillet : au festival Chalon dans la Rue – 71

du 27 au 30 juillet, 19h00 : annexe du stade Gaston Gérard de Dijon – 21

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