LES 26000 COUVERTS. A L'ASSAUT DU TRÔNE D'ANGLETERRE.
- magazinemagma
- 11 sept. 2018
- 7 min de lecture
Dernière mise à jour : 11 sept. 2019
Après Beaucoup de bruit pour rien, L'Idéal Club, 1er Championnat de France de n'importe quoi, ou encore À bien y réfléchir, et puisque vous soulevez la question, il faudra quand même trouver un titre un peu plus percutant, la troupe dijonnaise des 26000 couverts ne doute vraiment plus de rien et brigue cette fois la couronne d'Angleterre ! Nos Monthy Python made in France lancent, du 19 au 29 septembre prochain à Dijon, leur nouveau spectacle , Véro 1ère, reine d'Angleterre et cela risque bien d'être l'événement le plus marquant de cette rentrée 2018. Rencontre avec Lise Le Joncour (coordinatrice de la Cie), Gaëtan Billier (couteau suisse) et Philippe Nicolle, le meneur de troupe.
Si j'ai bien compris, ça ne vous a pas suffit de de nous donner des crampes abdominales pendant des semaines avec l'Idéal Club, Jacques et Mylène et j'en passe… Il fallait que vous remettiez cela avec cet auteur qui est de plus en plus proche de vous. Ce Gabor Rassov !
Lise Le Joncour : Cet ignoble Gabor Rassov…
Philippe Nicolle : On avait jamais vraiment bossé avec un auteur auparavant mais c'est un auteur tellement particulier. Cette histoire a commencé avec Jacques et Mylène et même peut être bien avant… Il m'avait fait lire toute sa production et puis un jour, on cherchait quelque chose avec Ingrid (NDLR : Ingrid Strelkoff, compagne de jeu et dans la vie de Philippe Nicolle) et on a eu cette idée de monter Jacques et Mylène. C'est écrit pour six comédiens. Mais elle et moi, on a tout fait ! On a adoré l'écriture et le spectacle a bien fonctionné. D'ailleurs, il tourne encore. En 2019 le spectacle aura 10 ans. Mais pour en revenir à Gabor c'est plus que notre auteur, c'est devenu un pote ! Pourtant, chez les 26000 couverts, traditionnellement, on ne travaille jamais sur des textes. Cela faisait même un peu partie de notre ADN. On souhaitait éviter le parcours classique et bourgeois de monter des textes et de remonter encore des textes. Nous étions davantage sur un concept d'improvisation que je trie et que je retrie. Et puis, l'arrivée de Gabor a été un peu déterminante. Ce qui fait que le prochain projet sera donc un de ses textes qui s'appelle : Véro 1ère, Reine d'Angleterre.
Tu peux nous en dire plus sur la pièce ?
PN : Tout d'abord, c'est un mélodrame (rires de l'assemblée) un peu à la manière de J&M qui était une sorte de satyre, de boulevard… Là, c'est une forme de satyre et de mélodrame à l'ancienne avec des trucs du genre, le bébé abandonné qu'on retrouve grâce à un médaillon... Ici, c'est l'histoire de Véro, une pauvre fille qui est dans la misère avec son bébé et qui, suite à des aléas de plus en plus improbables, va finir Reine d'Angleterre. Une reine, qui en plus sera condamnée à mort puis exécutée ! Mais ça finit bien quand même. Gabor est dans une sorte d'imitation de forme populaire mais avec un son humour particulier.
Qu'est-ce que le grand public connaît de Rassov ?
PN : Il est avant tout scénariste, il a travaillé par exemple sur certains films de Benchetrit : Asphalte, Chez Gino, Chien, Janis and John. Mais aussi sur C'est beau une ville la nuit de Bohringer. Avec Gabor là, il y a une grosse complicité. On a coécrit le spectacle que l'on joue en ce moment par exemple, tu sais : A bien y réfléchir, et puisque vous soulevez la question, il faudra quand même trouver un titre un peu plus percutant. C'est une écriture à 4 mains.
Dans le dossier de presse on lit Théâtre forain.
LLJ : On part du principe que c'est une famille qui monte ce spectacle là. Le jeu ne commence pas dès l'arrivée du public sur le site mais presque. En fait, il y a plusieurs couches. Il y a le spectacle que l'on est entrain de monter et autour, la famille qui décide de monter ce spectacle là. On va essayer de créer cet espace de jeu à Dijon et quand le public arrivera, il arrivera chez ces gens là, dans la famille Stutman !
PN : Stutman, car on imagine qu'ils ont des origines plus ou moins anglaises. On est parti sur une famille qui viendrait de l'île de Man. Stutman, c'est presque cascadeur en anglais, on s'est dit que ça sonnait bien, que ça faisait forain... On ne sait pas si c 'est vrai ou pas, on joue un peu là dessus aussi, ce côté hâbleur, un peu menteur…
Mais pourquoi une reine d'Angleterre alors qu'on est France tout de même ?
PN : Parce-que pour Gabor c'est le summum de la destinée que de devenir Reine d'Angleterre ! Quoi de mieux ? Elle passe de la misère totale : elle se fait violer, battre, torturer, condamner à mort… à la couronne d'Angleterre. Il y une sorte de harcèlement qui fait partie de cette forme ancienne, désuète. Elle provoque la pitié mais aussi le désir.
Qui sera dans le rôle de Véro ?
PN : Ingrid Strelkoff, c'est la première fois qu'on retravaille ensemble depuis son rôle de Mylène. Je sais qu'elle va être géniale dans ce personnage.
On a repéré dans la distribution un nom qui ne nous est pas inconnu, un certain Denis Lavant. Racontez-nous cette rencontre.
PN : Ça s'est fait complètement par Gabor. Sans lui, il n'y aurait sans doute pas eu Denis avec nous. Moi j'étais pas du tout partie sur Denis Lavant à l'origine et puis, nous avons eu un problème dans la distribution et Gab a proposé Denis. On s'est rencontré, il y eu un bon feeling et puis ça se passe plutôt bien. Pour l'instant on apprend à se connaître mais c'est une rencontre formidable.
LLJ : On n'a pas la volonté de mettre en avant plus spécialement Denis dans ce spectacle que tout autre membre de la compagnie. Il est arrivé dans ce projet comme n'importe quel autre comédien. Il démarre avec nous mais il est fort probable que, compte tenu de ses différents projets, à un moment il s'absente. A ce moment là, ce sera Philippe qui reprendra le rôle. Mais en tous cas, on ne fait pas la différence entre lui et n'importe quel autre comédien ou technicien de ce projet. Ils sont 8 au plateau, 4 comédiens et 4 techniciens qui sont aussi musiciens, manipulateurs.
PN : Tout le monde fait tout, c'est aussi cette idée là le théâtre forain. Nous avons repris cette tradition selon laquelle il faut savoir tout faire. Dans le théâtre aujourd'hui les choses se sont vraiment spécialisées, ce ne sont plus du tout les mêmes familles entre « artistes » et techniciens. Alors que certains techniciens sont plus artistes que certains acteurs ou même metteurs en scène. Les 26000 se sont vraiment fait là-dessus, dans le partage des connaissances. Je tiens beaucoup à ce que les techniciens jouent un peu et que les comédiens montent le décor… Cela implique un autre système de relations humaines qui est beaucoup plus enrichissant.
On est donc sur une formule moins lourde que L'Idéal club ?
Oui autant humainement que techniquement. C'est une formule qui est faite pour être jouée en plein air et on monte cela de manière à être très autonome sur les routes. Le décor tient dans une remorque, comme une boîte à jouets. On est loin des semi remorques de L'idéal Club. Ce ne sont pas les mêmes contraintes. On part pour 10 représentations ici, puis 2 à Toulouse et sinon le spectacle commencera à tourner vraiment l'été prochain. Une manière de dévoiler le spectacle avant les grands festivals de l'été prochain et d'être vraiment rôder à ce moment là.
La création du spectacle se fait chez nous, à Dijon ! Juste devant nos bureaux à la Halle 38, une façon pour nous de réaffirmer notre présence à Dijon et d'inaugurer le fait d'être réinstaller ici. C'est vraiment une production 26000 couverts avec un soutien financier de la Ville de Dijon et une collaboration avec La Vapeur, le TDB et l'ABC pour la billetterie. C'est une manière de brasser les publics et une belle « force de frappe ». Ces représentations c'est notre manière de redire aux dijonnais qu'on vit bien ici. Mais c'est quand même rare qu'on lance un spectacle à Dijon, je crois que c'est la première fois qu'on ose. On a un peu la pression.
On a une jauge de 320 personnes sur ce spectacle, 3200 pour 10 représentations.
Ça va être dur pour avoir une place ! Je me souviens pour l'Idéal ce n'était pas simple, on devait presque s'asseoir les uns sur les autres mais ça valait le coup !
LLJ : Oui, je me souviens, on avait du prolonger. On avait fait 15 représentations puis 4 supplémentaires mais on pas pu plus puisque l'on partait en tournée.
Du coup, il y a un baby-boom ensuite… Ce qu'on appelé la génération 26000…
LLJ : On est tous parrain au moins deux fois dans l'équipe (rires).
On parle de mélodrame mais on n'arrête pas de se marrer depuis tout à l'heure alors c'est quoi ? Triste ou comique ce spectacle?
LLJ : Le jeu nécessite d'être rôdé comme sur Jacques et Mylène, ça tourne et c'est beaucoup de costumes, beaucoup d'accessoires. Il y a de nombreux personnages pour peu de comédiens. Ce sera des allers retours pendant 2 heures avec autant de bipolaires que dans J&M comme tu dis, voire un peu plus, mais avec les méchants d'un côté, les gentils de l'autre. C'est donc un mélodrame comique, ça fait autant rire que pleurer. C'est une sorte de montagnes russes émotionnelles. Véro, c'est une quarantaine de costumes pour 4 comédiens et 2 heures de jeu avec entracte en plein air.
Encore des surprises sur ce spectacle ?
On ne peut pas tout dire, mais il y aura des pop-corn (rires) et peut-être de la barba-papa.
PROPOS RECUEILLIS PAR
JÉRÔME GAILLARD, JULES THIERRY ET OCÉANE TISSIER
PHOTOS JÉRÔME GAILLARD / "VÉRO 1ÈRE" : PATRICK GIROT
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