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BEATRICE DAUPAGNE, UNE NOUVELLE ERE POUR L'ARC

  • magazinemagma
  • 6 nov. 2017
  • 4 min de lecture

Dernière mise à jour : 12 sept. 2019


Pour sa cinquantième saison la Scène nationale du Creusot s'offre une nouvelle direction. Ancienne secrétaire générale à la Scène nationale Tarbes-Pyrénées, Béatrice Daupagne succède à Célia Deliau, elle même nommée au Pôle national du cirque d'Amiens. Un regard neuf donc, avec une réelle volonté de rapprocher les différents secteurs d'activités du bassin creusotin (la recherche, l'industrie, le monde universitaire) de L'Arc, pour des productions rapprochant technologie et spectacle. La nouvelle directrice cherchera également à ouvrir davantage le lieu avec une politique hors les murs et plus en lien avec les habitants, les acteurs du bassin Creusot-Montceau autour de la jeunesse notamment mais aussi en plaçant L'Arc sur un réseau d'échange régional.

M : Béatrice Daupagne parlez-nous un peu de vous, d'où venez-vous, qui êtes-vous ?

J'ai plutôt une formation d'historienne de l'art parce que j'ai fait l'École du Louvre avec une spécialisation en art contemporain et, parallèlement, j’ai suivi le cursus histoire de l'art à Paris X (Nanterre). Puis, au bout de trois ans soit je partais en muséologie soit je partais du côté d'Aix-en-Provence pour suivre une formation que je venais de découvrir : la conception et la mise en œuvre de projet culturels. Moi qui venais des Hautes-Pyrénées, je suis retournée dans le Sud mais à l'Est cette fois. Encore en année de maîtrise, j'ai été recrutée au service culturel de la ville de Martigues où je suis restée vacataire pendant huit ans et parallèlement, j'ai monté un lieu d'art contemporain à Manosque et j'ai également été appelée au centre Jean-Giono (centre littéraire dédié à l'écrivain) autour de l'édition et des expositions. On m'a proposé ensuite d'aller travailler à la Scène nationale Tarbes-Pyrénées - le Parvis fait partie des dix premières Scènes nationales - qui est une grosse maison avec du cinéma (quatorze salles de cinéma), un centre d'art contemporain labellisé, une programmation en spectacle vivant assez conséquente où je suis restée quinze ans en tant que secrétaire générale… Et j'ai fini par me lancer et proposer mon projet pour l'Arc au ministère de la Culture et de la Communication

M : Quel est le projet et quelles sont vos ambitions pour l'Arc ?

Pour écrire mon projet, j'ai tenu compte de l'ADN de cette ville et de ce territoire mais aussi des marqueurs présents. Il y a de grands groupes industriels, des laboratoires du CNRS avec des travaux pour l'un, autour de la vision et de la technologie 3D, sur la résistance des matériaux et des technologies liées au laser pour l'autre et puis d'autres sur des technologies de pointe autour de différents alliages. J'aimerais d'ailleurs créer des espaces de rencontres entre artistes, chercheurs et étudiants puisque Le Creusot dispose d'un campus de 1500 étudiants. Il y aussi l'identité multiculturelle de cette ville qui s'est construite autour de l'industrie et qui a attiré des travailleurs de toute l'Europe et même d'Asie. Il y a donc ces patrimoines, industriel et social, que je souhaite valoriser. Autre axe du projet, je souhaite réinjecter, dans la saison de spectacle, des artistes européens. Je souhaite également retrouver des projets de territoire qui iront à la rencontre des habitants en travaillant, bien sûr, à l'intérieur de nos murs mais aussi hors de nos murs sur plusieurs temps forts. Je vais m'efforcer aussi de mettre davantage L'Arc en relation avec un réseau d'acteurs de la région, qu'il s'agisse d'art contemporain, de centres de création et de production comme Via Danse à Belfort, les CDN de Dijon et de Besançon, le CDCN Art Danse à Dijon et toutes les structures qui œuvrent aussi dans l'accompagnement d'artistes parce qu'il est important pour moi que cette Scène nationale puisse aussi accueillir des créations, des productions d'autres lieux de la région. Je travaille activement à ce maillage et nous avons déjà acté un partenariat avec la Minoterie à Dijon sur la question du jeune public et de l'éducation artistique. Une des missions de L'Arc sera aussi de rayonner sur son territoire (action artistique, diffusion) et de retravailler avec tous les acteurs du territoire, du Sud au Nord-Ouest du département de la Saône-et-Loire

M : Il y a peu de femmes à la tête des théâtres et Scènes nationales, pourtant au Creusot vous succédez à une autre femme, Célia Deliau… Il y a-t-il une particularité au Creusot ?

Effectivement, ici on a le contre-exemple et bien que les premiers directeurs de L'Arc furent des hommes, ce sont ensuite des femmes qui se sont succédées depuis 1986 à la direction avec Claude Meiller, Nadine Varoutsikos-Perez, Célia Deliau et moi aujourd'hui ! Les choses se sont tout de même améliorées et aujourd'hui, dans les préselections au ministère pour le dépôt des projets, on est quasiment à parité.

M : A la Scène nationale de Mâcon, on travaille sur le reconnaissance de la création féminine lors du festival Drôles de Dames : est-ce que quelque chose que vous souhaitez également défendre ?

Pas sous la forme d'un festival mais dans le cadre d'une collaboration oui, sans doute car en ce qui concerne la parité, ici, elle n'est pas vraiment respectée. On s'aperçoit que les artistes femmes ont vraiment beaucoup moins accès aux moyens de production, enfin là pour le coup il y a encore un travail énorme à faire.

M : Allez-vous privilégier une discipline artistique par rapport à une autre ?

Non, cette maison doit garder un caractère généraliste et j'irai plutôt vers un rééquilibrage des différentes disciplines avec le souci de réinjecter un petit peu plus de musique. Il n'y a pas, par exemple, de musique classique et peu de jazz dans la programmation actuelle, pas de lecture non plus.

Propos recueillis par Jérôme Gaillard

Pour en savoir plus sur L'Arc : http://www.larcscenenationale.fr

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